Archives de catégorie : mercredi

texte du mercredi matin

évocation

Ouvrir la porte d’entrée de la maison fermée depuis des mois, sans trembler. Ouvrir les portes, les fenêtres, les volets. Laisser entrer la lumière, le soleil, la chaleur.

Dans l’entrée, des vêtements suspendus sur le portemanteau au milieu du dos, forment une légère bosse. Un chapeau acheté en Irlande, déformé est accroché par-dessus un imperméable, sous lequel des bottes de motard crottées, attendent d’être nettoyées. Sur une console sont posés 2 casques de moto, l’un, laqué noir personnalisé par une panthère dont la queue a disparu sous des éraflures et l’autre, un petit casque en cuir avec une visière fendue et rayée, et une mentonnière sans boucle. Continuer la lecture

l’escalier sans fin

Couché en chien de fusil, l’homme tremble, grelotte, remonte le col de son manteau, les yeux clos. Puis, il ouvre les yeux, tourne la tête à droite et à gauche, plusieurs fois, se lève, regarde autour de lui, surpris d’être dans un escalier. Une pancarte au-dessus de lui indique, Escalier B. Escalier B répète-t-il à haute voix, mais où suis-je ? Il regarde s’il y a une sortie, mais il ne voit aucune ouverture. Il décide de descendre, et comme il descend toujours, il trouve un caillou sur le sol qu’il met aussitôt dans sa poche, car c’est un joli caillou gris, rond et doux. Ah ! se dit-il, j’approche de la sortie, mais il a beau descendre, descendre, encore et encore, l’escalier semble sans fin. Découragé il s’assoit se met à compter et à recompter les marches, puis les barreaux de la rampe. La rampe est assez large, l’escalier aussi.

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Faites parler la toile du peintre

Je suis sagement posée contre un mur, entre un ancien tonneau de bière métallique peint en bleu fluo, qui sert de poubelle et un chevalet bancal. Je reste plantée là, sans doute parce que je suis une belle toile de 2m50x1.50 et qu’il faut choisir un beau sujet pour me préférer à d’autres. Pourtant, je l’avoue, chaque fois qu’il s’approche de moi mon cœur bat la chamade et je me demande si aujourd’hui est le bon jour, mais je suis toujours là, de plus en plus poussiéreuse et s’il m’oublie, je vais devenir complètement grise. Tiens ! il chante ! sans doute le soleil qui inonde l’atelier le rend-il joyeux ? Bing ! bang ! Il trie les toiles, certaines tombent sur le sol sans qu’il les relève, en examine plusieurs, hésite, et je ne sais pourquoi mais je sens « qu’aujourd’hui » j’ai ma chance. En effet, il me saisit sans ménagement, me secoue, me tapote, me repose, me scrute, sourit, puis en sifflotant m’installe sur un chevalet. Il m’époussette avec une brosse aux poils très doux qui me chatouillent. J’ai un trac fou.

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état des choses

juillet-244

L’état des choses, des tas de choses qui font monter les larmes aux yeux ou qui agacent ou surprennent ou font battre le cœur, une voix que l’on n’a pas entendu depuis longtemps, une voix que l’on connait sans savoir ce qu’elle nous rappelle.

État de choses, des tas de choses fugitives comme une caresse courant d’air qui fait frissonner la peau à peine frôler, comme se sentir être là vivant à un instant précis, tout oublier avant de se rappeler .

Des tas de choses, état des choses étalées qui agacent comme la confiance trahie, comme une promesse non tenue, comme se rappeler que l’on a oublié d’arroser les plantes au moment où l’on découvre qu’elles sont mortes.

Etat d’âme pictural !

theo van doesburgLe peintre

 

Moi, réaliser une œuvre d’art, cela me prends 5mn. Je ne peux ni le dire ; ni l’écrire comme cela.

Si j’ai accepté de détailler, la réalisation de cette toile de maitre, c’est que Art et Création est une revue qui à de bon argument, 6000 dollars. Ce n’est pas rien. Money is money !

« Il nous faut du lourd, les lecteurs ont besoin de savoir, de comprendre la quintessence de votre génie créatif »

Génie créatif ! Mon œil ! Moi avant d’être un artiste admirablement adulé, j’étais architecte et encore avant j’étais peintre en bâtiment. Alors ! Continuer la lecture

Autoportrait de la séductrice.

c'est un métier

 

Il y a eu Cléopatre, il y a eu Cendrillon, il y a eu Dalida, il y a eu la Castafiore, il y a eu les abeilles et maintenant il y a moi.
Je serai cette année la tombeuse la plus rapide et sur le prochain tableau de chasse, j’aurai la plus belle proie.
Je suis la femme la plus équilibrée de la place, la plus calme, la plus superficielle et mon travail consiste à fabriquer du regard appuyé.
Toutes les grandes séductrices fabriquent du regard appuyé.
Séduire plus vite c’est d’abord séduire autrement de façon à semer l’inquiétude et le doute.
Faire peur.
Séduire de telle manière que les autres soient persuadées que vous allez vous prendre un râteau jusqu’à ce qu’une génération entière séduise comme vous.
Dans une vie de séductrice, on ne peut inventer qu’un regard appuyé génial et un seul.
Les abeilles sont arrivées dans la place avec la réputation de «Aïe Aïe Aïe» et deux milles ans plus tard toutes les femmes séduisaient comme elles.
Maintenant il y a moi.
Être une grande séductrice est un état qui exige une maîtrise absolu de soi-même et une abnégation totale.
Je séduis à temps plein. Continuer la lecture