C’est pas un cadeau, une journée comme ça, franchement. Déjà, ça commence mal : le chat pisse sur mes chaussures pendant que j’ai le dos tourné. Faut’qu’j’y aille : il est 8h00 du mat’ et je suis déjà en retard. Tant pis pour le chat, et pour les escarpins – mon rendez-vous de ce soir s’en passera bien. Partons. Dans le bus, je m’assois – bien obligée après avoir fendu la foule, un air sévère peint sur le visage – à côté du fou qui répète des sketches de Rires et Chansons, une canette à la main. Youpi. Je comprends mieux pourquoi il y avait une place libre dans le bus bondé. Me voilà parfumée à la bière dès les cinq premières minutes du trajet. Il y a des embouteillages partout ! C’est pas ma journée. C’est dit…
Le voyage en bus finit enfin. Il est 9h00. Je suis vraiment en retard. J’arrive en courant à la réunion que je dois animer. Je sue comme un goret – oublier, le Narta, à cause du chat. Et la course dans les escaliers du gratte-ciel où je bosse ne m’a pas aidé. Fichus ascenseurs : toujours en travaux, jamais aux normes ! Non, vraiment, cette journée tourne mal. Et ce soir Babeth qui me présente David. Quelle plaie !
La réunion se passe. Je feins d’ignorer les relents que je dégage. Trente feuillets de papier plus tard – pauvres arbres ! – j’achève enfin mon supplice de comptabilité et de lois de finances. Mes auditeurs ont la correction de me saluer en partant, même si, franchement, je sens mauvais. Au déjeuner, je me dis que je vais prendre une douche. Elles sont en travaux. Tant pis. C’est… pas ma journée, c’est dit, et vérifié. Enfermée dans mon bureau, je m’asperge d’un déo à la fleur de Tiaré en espérant que mon odeur se tasse. Hélas, pas assez vite…Voilà que Nathan passe sa tête à ma porte et me propose un café. Ah ! Nathan, le séducteur du dernier étage, qui vient me voir, moi, sa grande girafe préférée, comme il aime à le dire… Je souris humblement mais je refuse. C’est pas possible, même avec la fleur de Tiaré. Je dégage un parfum de couloir de métro que je ne peux pas lui imposer.Pas de doute, y a des journées qu’il faudrait ne pas commencer.
Je me demande… ce que me réserve la soirée…