Archives de l’auteur : zizi

Empreinte

L’empreinte de l’homme sur Terre.

Morte station la nuit. Vide. Personne. Juste persiste un ersatz céleste.
Plaquées, cirées, noircies, brulées, rougies, jaunies
Miettes du ciel, paillettes, reflets du ciel
Et moi dans cet espace ? Un millionième passager de l’existence entre cosmos et planète.
Je vais ; je monte je descends ; je suis le lien ; je joins deux espaces terre et ciel. Isthme lorsque je pars, vague lorsque je rentre. Flux, reflux. Jour, nuit. Vivre, mourir.
Apparaître, disparaître
Dans l’espace profond
Poussière d’étoile dans l’immuable cosmos
J’assemble mes mots
Mots en suie
Mots sans suite
Ecrits dans la nuit, obscure
Plume Encre Noir de fumée Cire de Bougie Flamme
A la plume je trace ton visage
A la suie je peins tes yeux
À la flamme je dessine ta bouche
Et tes dents au feu
Je t’avais prévenu
Encore vierge est ton casier
De cire et de papier
Ton portrait détenu
Tu es en garde à vue

Ni vu ni connu
J’ t’embrouille !
z.

Charlotte Mano. Automne.

Elle aimait la nature et voulait y retourner.
Le peu de ciel gris pèse sur le bois de jeunes chênes et de jeunes pins. Dans la clairière automnale, les ronces rampantes, grimpantes, sauvages aux épines toujours à l’affût de la moindre petite parcelle de peau délicate et fragile prête à saigner, du plus humble ou plus riche tissu à déchirer, à griffer sont là menaçantes. Les genêts d’ordinaire éblouissants émergent honteux, éplorés et nus. Les feuilles séchées des chênes ont commencé à se détacher, à se tasser misérables au sol, tapis humide, moëlleux, brun, propice à l’humus fertile.
C’est là qu’elle veut être. Allongée nue au sol ? « Non ! Je ne veux plus être écorchée, je ne veux plus de piqûre d’aiguille, je ne supporterai pas d’être reliée par un long tuyau, fausse veine de téflon à un cathéter parasite incrusté à ma peau. »
Alors elle l’installe sur ce drap blanc qui enveloppe entièrement la table comme une dalle de marbre rendue ainsi invisible. Comme sur un linceul elle s’allonge. Et les girolles jaune d’œuf par centaines cueillies avec leur douce mousse verte nourricière, les feuilles échouées recouvrent son corps. Fraîcheur. Au loin le chèvrefeuille veille.
Limbes des bois. Bois moisis. Moisissures et mousses associées. Trompettes de la mort laissées aux ombres des pins sylvestres.
Préfiguration symbolique. Putréfaction souhaitée en automne.
Saison choisie
Pour gisante volontaire le temps d’une poussée de champignons.

« Haïkus »
« Impressions. »
Un regard perçant
Un cri strident dans les airs
Partir, revenir.
(L’hirondelle)
Arabesques bleues
Biffent l’horizon limpide
Il n’en reste rien.
(Le ciel)
Le silence revient.
L’air vide livré à la chaleur du crépuscule
Rend les nids douillets.
(Le nid en coin)
Chaleur. En bas dans la rade, ça bruit, ça bouge, ça vit au pied des monts déserts. On le sait. (La rade vue du ciel.)

Peu à peu s’estompe la brume comme sur le papier sensible au révélateur. Chaleur. En bas dans la rade, ça bruit, ça bouge, ça vit au pied des monts déserts. Les bleus, les ocres, les blancs éclairent l’horizon. La mer blanchit. La terre bleuit. Tout est aplati. Uniforme. Il n’y a plus d’air entre la terre et l’œil.
La mer à perte de vue, immense. Rien d’autre que le ciel, l’horizon et ce grondement, ce déséquilibre devant le hublot, lucarne sans issue. Vagues lourdes, sans écume. Profondeur hallucinante sous le voilier sans voiles. Il n’est plus qu’un point solitaire. Les mouettes ne vont pas tarder à gueuler leur pitance au-dessus du bastingage.

Almeria.B.Plossu. 5/11/18

Une blancheur aride,
Courbée insondable.
Deux andalouses indiscrètes
Deux balcons menaçants.
Une architecture crépusculaire, prison mature pour pêcheurs en partance.
Platanes de lumière
Curieux et solitaires
En ce midi de ruine
Dans cette poussière d’étable chaulée
Quelle perspective pour Pepito ?
Celle d’une fraîcheur d’Arizona ?

– Les gris enveloppent la blancheur aride, insondable. Les platanes menaçants emprisonnent les Andalouses. Quel projet pour Pepito ? Cette demeure sera-t-elle conforme à son attente ? Comme je voudrais être lui !

Les mots bleus.

La chanson intégrée.
Les mots bleus.
Il est six heures, le réveil a sonné depuis longtemps et j’ai du mal à sortir du lit. Les rêves sont encore présents, collent à mon corps engourdi. Au clocher de l’église le quart d’heure a sonné. Je m’étire, attention à la crampe qui menace ces temps-ci ; surtout ne pas tendre la cheville et garder les orteils et le pied à angle droit. Le chat ronronne près de moi. Il pose sa patte veloutée sur ma joue et bâille. Je pose ma main sur sa fourrure et je sens ses poils sous mon nez. Son odeur de chat que j’aime.


Tout à l’heure, je passerai dans le square où les dahlias, les asters, les arums, toutes les fleurs poétisent en silence. J’aime beaucoup cette expression. Elle n’est pas de moi. Mais c’est vrai que leurs images colorées imprimant nos rétines rappellent quelques vers des poésies de nos chansons d’enfance ou de jeunesse « comme un p’tit coqu’licot mon ange comme un p’tit coqu’licot » « j’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin » « mon amie la rose me l’a dit ce matin »

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Hippolyte-Hentgen ; Kaléidoscope.

1er octobre 2018.

Saisie devant le seuil, je vois comme un kaléidoscope pour enfants. Un Jeu, une fresque peinte pour enfants de grandes tailles. Qui monte à l’échelle ? Qui est en bas ?
Seraient-ce des broderies ? Un travail à quatre mains pour un espace ludique.
Des fragments de Bande Dessinée, des gros plans, des détails agrandis : les premiers pas de Mickey, ses premières silhouettes. Ce livre d’images se déroule comme sur une bobine de cinéma : une histoire sans histoire.
Y aura-t-il un début et une fin ?
Hippolyte et Berger.
Chaque « vignette » de drap jaune, vert, rose…reçoit qui une résille noire, qui un tricot au point mousse, en maille anglaise, un autre un tissu coloré en forme d’étoile, qui une image tramée comme issue d’impression de journaux, tous cousus piqués à la machine.
Pourra-t-on en réaliser une tapisserie murale ou de sol ?
En suivant les pointillés et « en évitant les projectiles qui se font fort de partager une femme en deux morceaux dans le sens de la taille », vous prendrez le temps de crocheter, de coudre, d’assembler, si vous tombez sur la case violette à la treille fleurie ou bien de tricoter si vous tombez sur la case jaune où se rencontrent les cœurs.
Tissus, tricots et couture sont-ils typiquement gestes féminins ?
Les bruits et les mouvements sont ceux de la machine qui pique et coud ; des bras qui soulèvent les coupons de toiles colorées ; des aiguilles qui cliquètent ; des mains qui étirent fils et ourlets ; des doigts qui assemblent ; des ciseaux qui crissent et qui découpent ; des voix qui choisissent, qui rient, qui négocient, qui décident, qui se taisent ; des regards qui se souviennent, qui relisent, qui photographient, qui agrandissent, qui attendent dans l’atelier des artistes.
Que montre le doigt ?
Comment entendre ce qui ne parle pas ? Cette famille est-elle croyante ou athée ? Comment réagir face à l’inconnu ?
Si vous effacez la mémoire : tous les tabous, œuvre, mode, à quoi ressemblerait sa prochaine œuvre ?

Pour entendre ce qui ne parle pas, pour montrer du doigt ce qui ne se voit pas, pour sentir ce qui n’a ni odeur ni texture
Cet espace pour sourd, cet espace pour aveugle, cet espace pour hémiplégique
Cet espace vers un inconnu, sans aucune notion de temps ni d’appartenance :
C’est la Création Artistique.

Nos jeux d’enfants.

8 oct 2018

Jeux d’enfants.
« Quand nous jouions à la marelle, cerisier rose et pommier blanc !…» c’était à tour de rôle. Pas de triche. Si tu marchais sur la ligne ou si tu ratais la case avec la pierre plate, c’était à l’autre. Il fallait tracer au sol ce damier particulier à la craie blanche ou avec un morceau de plâtre déniché dans un chantier voisin. Il y avait la terre et le ciel où l’on devait faire demi- tour en sautant. 1,2,3, sur un pied, à cloche pied, expression étrange et jolie. 4-5 posés ensemble, 6 à cloche pied, 7-8 ensemble et tourner dans le ciel pour revenir au 1 en ramassant le palet. Je crois que c’est ainsi. Je dois vérifier. Côtoyer le ciel était déjà un grand moment !
La corde à sauter tout seul, facile en avançant, ou sur place à la manière des boxeurs.
A 3 ou plus suivant la longueur de la corde. Il fallait en trouver une belle solide et bien serrée ; à la campagne les paysans en ont toujours pour attacher bêtes ou foin. Deux face à face font tourner la corde de chanvre et on « entre » dans le cercle vertical ainsi formé pour sauter au rythme de la corde qui frappe le sol le plus longtemps possible. Marcher sur la corde arrête le jeu.
Les osselets. Lancer les cinq, comme les dés, prendre la « mère » rouge en général et ramasser avec elle en la jetant simultanément en l’air les 4 autres posés. Puis deux par deux. Puis par un et trois. Puis les quatre ensemble blancs ou en métal. Puis les quatre entre les doigts, la « mère » sur le dos de la main rattrapée dans son creux. Joëlle se souvient d’autres tours. Rafler le sol le plus lisse possible nous prenait des heures d’intérêt. On multipliait les difficultés en écartant les osselets le plus possible et en lançant plus haut la « mère ». Assis par terre pendant des heures… les culottes étaient bien grises, paraît-il, me dit Maman longtemps après !
Les balles contre le mur, une, deux, trois, quatre. Plus elles sont nombreuses plus il est difficile de les rattraper et de les relancer contre le mur qui les renvoie sans attendre !
Elles sont en couleur bleu, jaune, rouge, verte, striées délicatement, elles tiennent dans la main rebondissent parfaitement. Balles en mousse.
Je n’en ai pas retrouvé aujourd’hui. C’était drôle lorsqu’elles se cognaient, se télescopaient. Il fallait courir vite pour les récupérer ! On y passait des heures.
La cachette. A la nuit tombée, au premier vu. Le quartier nous appartient. Pas de voiture. Pas de gendarme. Pas de parent.
On « clugne » ! Chacun son tour ! On compte jusqu’à cent ! On le dit fort ! on le crie ! CENT !
Les platanes ; aux quatre coins quelqu’un au milieu pour prendre la place d’un coin, avec jeu de clin d’œil, ou rechercher la place de l’écorce sur le tronc ; la ficelle de laine entre les doigts à deux ; je prends je fais une nouvelle figure, la tour Eiffel… ; le jeu des métiers, avec la première lettre et le mime ; les billes au pied des platanes avec les copains ; la canasta ; le mistigri, la belote, le nain jaune, les petits chevaux, le loto avec les haricots ; il ou elle ; oui, non ; Master mind ; un, deux, trois soleil ; le béret, la balle au camp ; le mouchoir ; saute – mouton ; la balançoire ; colin-maillard ; petit caillou barou ; à s’attraper ou juste touché;
Jeu de l’oie avec les cases de l’installation.
Si tu tombes sur la case 9 tu crées un air avec les 7 notes et en utilisant les onomatopées des 5 cases suivantes.
Si tu tombes sur la 8 tu passes directement à la case 9.
Case 7 : Walt Disney est désolé, pourquoi ?
Case 5 : Que se passe-t-il si on met un sucre dans le réservoir de la mobylette
Cases 3 et 4 : Pourquoi l’escargot a-t-il perdu sa coquille ? Combien y a-t-il d’écureuils ?