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l’horloge de la gare

l’Horloge de la gare

Je suis une vielle dame respectable.Il y a plus de 100 ans qu’on m’a installée là.Au vu de mon poids, de mon importance, on a construit pour moi un grand bâtiment blanc, imposant.
Je ne suis pas tout à fait au cœur de la cité mais idéalement pas trop loin du centre.Le cœur de la cité c’est pour mes collègues,les cloches qui carillonnent. Moi, je suis silencieuse.
Je marque le temps de façon précise, régulière.je suis là pour les voyageurs, je leur suis indispensable.Je les vois arriver, traînant de lourdes valises ; ils me supplient de ralentir, mais je suis inflexible,et l’heure fatale arrive….
Je suis un repère, un fanal dans la ville, le lieu de rendez-vous ; j’en ai vu des amoureux se retrouver, je les ai couvés ; j’ai vu des échanges comme ceux du bon coin depuis quelques années….
Je domine, je surplombe les cohues de travailleurs matin et soir. Aux heures creuses il y a peu de trains, je laisse filer le temps ; alors je me souviens :
J’ai été filmée en gros plan, mes rouages, l’avancée inéluctable du temps. C’est même arrivé à plusieurs reprises, je peux dire que les plus grands acteurs et metteurs en scène sont intimes avec moi !
Harold Lloyd, géant du burlesque muet dans safety last par exemple ; Dernièrement ma présence a même écrasé les autres protagonistes, il faut dire que l’acteur n’était qu’un enfant mais le metteur en scène Martin Scorsese m’a beaucoup filmée, et en gros plan !
Je déteste particulièrement qu’on m’appelle maintenant « analogique », à l’heure de l’électronique ça veut dire anachronique.
Je trouve scandaleux,que maintenant on n’apprend plus aux enfants à dire il est midi moins vingt mais ils lisent sur leurs portables 11h40;je ne comprends pas que mes régleurs,mes employés SNCF,laissent faire !
Je ne suis plus l’unique,celle vers laquelle se lèvent tous les regards en attendant un rendez vous, en allant prendre le train des vacances ;
Ils nous promettent une belle jeunesse avec ces enfants, incapables de se repérer dans le temps grâce à mes deux aiguilles élégantes, complémentaires qui se déplacent le long de mon cadran…
Des cristaux de quartz prétendent me remplacer ! Ils se multiplient et que fait- on, je vous le demande,pour l’écologie, préserver les ressources naturelles ?
Quand il n’y aura plus de quartz moi je serai là, fidèle au poste, prête au service, inusable !
Moi j’existe de façon intrinsèque. Je suis. J’ai été posée la, la je reste au dessus de l’agitation du monde,pas question de carrière ni de promotion. Je suis la, à ma place.Aucune promotion n’est envisageable quand on a un poste comme le mien !
J’ai toujours marché, le temps ne s’arrête jamais.Je ne me déplace pas, les autres voyagent pour moi.Je les regarde aller et venir, s’agiter, partir en voyage. Pour quoi faire ? Est ce que le temps passe plus vite ailleurs ?
Je me déplace dans l’espace temps avec les jours qui rallongent au printemps par exemple.
Je ne connais pas la solitude ; il y a tous ces gens qui m’admirent depuis le sol, ces regards levés sur moi. Je vous l’ai dit, je n’ai pas voulu aller en centre ville, encore moins avec les collègues des aérogares. Mon destin est d’être unique.
Quant au bruit, vous ne trouvez pas qu’il y en a assez dans une gare ?
A quoi servirait d’être une horloge parlante si vous étés inaudible?Les annonces SNCF aujourd’hui, les sifflements des trains à vapeur autrefois, suffisent a assourdir les gens. Je sais qu’il y a des horloges en ménage avec des cloches, avec des sonneries stridentes et même avec des robots téléphoniques. Les uns seront obsolètes avant moi, les autres ne seront conservés que par nostalgie….
Si j’avais un bourreau, ce pourrait être la rouille et l’usure du temps. Si un jour on cessait de m’entretenir, de me graisser, de régler mes engrenages, je perdrai de ma puissance. Je l’imagine la rouille, attaquant certaines petites pièces,essayant de briser une dent,ébréchant un arbre à cames. Fidèle à ma mission, je continuerai mon travail, mon devoir avec mes aiguilles plus lourdes à déplacer, plus lentes a parcourir leur course.
Car, voyez vous, ignare, ce que vous appelez 2 traits noirs noirs mobiles s’appellent des aiguilles. L’une plus courte marque les heures pendant que sa grande sœur court plus vite pour indiquer les minutes. L’une prend 12 heures pour un tour de cadran,l’autre le parcourt en 1 heure.
Ainsi je tricote le temps. Pas à pas , de façon régulière ; un rang, ou plutôt un tour dure toujours une heure. Maille à maille, un ouvrage de dame, vénérable et durable.Le temps va en mailles endroit, jamais en mailles envers ; c’est le fil d’argent de la vie que je tisse en jersey, en chevrons pour les petits mousses, pour tous des les nids d’abeilles, des points de riz, et pour les vieux loups de mer des torsades et côtes anglaises.
File la laine, file les jours.

barbe bleue raconté par les objets

Je suis du plus bel indigo.Perdu au milieu de mes frères,je rêve d’un destin unique.Au lieu de quoi,je suis là, dans cette barbe touffue; Jamais le barbier n’a un regard pour moi,alors que je sais que mon bleu est plus intense que celui de tout les autres.
Je vis sur les joues d’un géant, fier de la couleur de sa barbe.Il est riche, il est puissant.Sa fortune lui a permis de marier quelques filles de bonne famille, l’une aux yeux cobalt, une autre parée de turquoise,l’autre un peu fleur bleue, une qui avait le blues,une cordon bleu,la dernière parfumée à la lavande….j’en ai compté 6 : six belles ecchymoses,6 peurs bleues,6 disparues ;
Aujourd’hui, il a joué du rasoir,des petits ciseaux,nous a parfumés.Il se marie, le ciel est azur,et la petite mariée, la 7eme, a posé sa menotte prés de ma racine, a caressé mon bulbe ; j’espérai d’autres ébats, mais il l’a laissée là, et nous sommes partis,morbleu, vers la ligne bleue de l’horizon…..

D’ébène et d’argent,dérobée, je suis fermée…close, nul ne doit m’ouvrir, je garde le secret.
Je suis la servante obéissante d’un maître complice.J’ai une mission strictement confidentielle, close, mystérieuse,silencieuse.Mon mystère est ma force.Je les attire, les fascine.
Il leur confie à toutes la petite clef de la curiosité et de l’interdit .Et je les vois venir vers moi, m’enduire de cire, frotter mes ferrures et essayer de glisser un œil dans la serrure.Je leur chante mon appel muet :» viens voir ce que je cache,ce qui t’es interdit »
Celle ci va de porte en porte, me caresse le chambranle, introduit la petite clef de la connaissance puis repart…je sais que tu ne résistera pas à la tentation….

Ma vie c’est courir, aller et venir.Je parcours les artères, les vaisseaux du cœur et des poumons, des petits orteils à la jugulaire et je marche, véhicule,roule !
Je me suis échappé de six corps exsangues, pendus par les cheveux.Certaines avaient le sang bleu, d’autres se faisaient du mauvais sang, mais toutes se sont vidées, hémorragiques, ou goutte à goutte….Je ne coagule pas, il me faut du sang frais ; Je veux du flux, je veux m’étendre, me répandre, m’amplifier, embrasser d’autres globules.
J’ai taché la petite clef d’or, une gouttelette a suffit!Elle frotte, savonne la tâche, révélatrice de sa faute. Je reste, rouge carmin incrusté sur l’or.
Il va rentrer, me verra et fera couler le sang…Sanguinaire à mon service il va l’égorger dans le cabinet ou je pulse, ou j’attends…j’entends les battements du cœur de la femme, son sang qui s’affole dans la carotide gonflée….

Tour d’angle du château, je domine. Je n’ennuie, il ne se passe jamais rien dans ce plat paysage ; je vois le seigneur partir, revenir, je vois de jeunes épousées entrer et ne jamais ressortir. Avec l’échauguette et le chemin de ronde on n’a plus rien à se raconter.L’escalier hélicoïdal lui en voit des choses se passer en bas, tout en bas;il nous raconte, des crimes, des cris mais on ne le croit pas- ça sa saurait-
Depuis peu des pas précipités, une respiration haletante arrivent jusqu’ici par l’escalier. Une jeune femme échevelée s’appuie aux créneaux, elle appelle de façon rituelle sa sœur, une certaine Anne.
l’autre répond, elle ne voit rien venir ; nous on le sait que rien ne se passe ici sur cette morne plaine!mais ça fait un peu de mouvement sur les mâchicoulis….
Mais voici que pierre à pierre une histoire va se construire ; nous voyons arriver au grand galop notre seigneur. Jour à marquer d’une pierre blanche, il monte jusqu’ici.
Il porte un long couteau, c’est à ce moment exact que le sœur dit voir venir des cavaliers.
Pont levis, abaisse toi, douves laissez passer, il va y avoir du mouvement !
Qui sait peut être entrerons dans la prospérité dans ce paysage ou seul le soleil poudroie et ou l’herbe verdoie.

le feu

Je suis le feu ; je suis sauvage, j’accepte parfois d ‘être apprivoisé ;
Je suis celui qui a vu grandir le monde et l’humanité.

A la naissance du monde, j’étais là. J’étais là dans l’incandescence du soleil,dans la lumière des étoiles.
Je suis le feu initial,indompté,au cœur du magma terrestre ; parfois j’éructe.

Je suis le feu ; j’ai veillé sur la petite enfance du monde.
J’ai été le feu sauvage des grands incendies qui les a fait fuir.
Je me suis laissé saisir pas l’intermédiaire du frottement du silex, du bois.
Je suis le feu des cavernes qui a éloigné les bêtes sauvages,a réchauffé Homo sapiens.

Je suis le feu qui a vu grandir l’homme.
Le feu violent qui a ravagé leurs villes de bois et de paille,la foudre qui les a terrorisés.
Le feu qu’ils ont voulu expliquer, moduler de leur croyances:
Prométhée, le vol du feu aux dieux,les forges de Vulcain,les démons de l’enfer,les langues de feu de pentecôte, les bougies, Hanoucca, la purification par le bûcher pour les sorcières et les hérétiques….

Je suis le feu qui accompagne l’age adulte de l’humanité.
●Le feu sauvage du Vésuve qui ravage et conserve sous la cendre;
Le feu sauvage qui fait souffrir les grands brûlés,qui séduit les pyromanes,fait courir des risques aux pompiers;celui qu’on croit apprivoiser et qui soudain tue,coup de grisou.

●Je suis le feu domestiqué,celui qui les réchauffe et les éclaire :

Je suis le feu du travail : culture sur brûlis,forgerons, souffleurs de verres,potiers, charbonniers…

je suis le feu qui nourrit:cuire à petit feu,à l’étuvée, crépiter,griller les châtaignes,odeurs de caramel et de pain grillé.
Je suis le feu des loisirs:contes et confidences au coin du feu de cheminée,feu de camp, feu de joie de la saint Jean,celui des coups de soleil des vacances,feu d’artifice.

●Je suis le feu des images symboliques:péter le feu,avoir le feu au cul,être tout feu tout flamme,le feu aux joues,la petite flamme,il n’y a pas le feu au lac,à feu et à sang,il n’y a pas de fumée sans feu….

Je suis le feu qui sera encore là quand l’homme sera mort.
j’ai présidé aux immolations en Inde,j’étais présent pendant l’holocauste, et je suis là maintenant qu’ils organisent des funérailles avec crémation, qu’ils répandent les cendres de ceux qu’ils ont aimé.

Je suis le feu éternel.
je resterai avec l’air qui m’alimente et me transporte, avec la terre que j’habite au cœur et qui parfois m’étouffe, avec l’eau qui parfois me domine et que je peux faire partir en fumée.

Je suis le feu considérable,brasier puissant,laves incandescentes.
Je suis le feu minuscule,légère étincelle volatile,feu follet fugace.

autour de l’escalier

Goré, de belles demeures coloniales à flanc de côte atlantique.
Au plus bas, coté océan pas d’escalier, pas de marches ; un plan incliné glissant, couvert d’algues putrides.
Porte sans retour.
Coups de butoir des vagues, grouillement des rats.
Des tonneaux noirs, visqueux engrangés là; il fait noir, il fait humide.
Porte sans retour.
Des objets accumulés dans le noir, comptés, mesurés, richesse entassée.
Parfois un navire ; cris perçant le silence, allers /retours en pirogue.
Déchargement ;
Embarquement.
Porte sans retour.
De longues files,descendues du niveau supérieur, têtes baissées, bruits de chaînes ; ce ne sont pas des hommes, juste de la marchandise échangée.
Porte sans retour, voyage sans retour.

Juste surplombant le quai,béant,inquiétant,un escalier étroit. Voûtes cintrées,angles saillants ; aucune lucarne,air étouffant,noir virulent,espace descendant vers les entrailles.
Néant,chiendent,entassement,grincements de dents…
Langages poignants, gémissements…
Des graffitis mordant le salpêtre.
Parfois des chants, des onomatopées :les murs, les marches en sont tremblants.
Les noms sont inexistants de ces prisonniers frissonnants, un seul matricule infamant pour les différencier.
Leur chant lancinant…
Leurs pleurs dissonants…
Cachot, violence,et ce mot justifiant l’esclavage : argent,argent,argent….

Au rez de chaussée, coté cour la lumière est un peu plus présente.
La cour est rectangulaire, 2 portes noires sur chacun de ses cotés ; quelques marches usées pour descendre aux pièces de l’office ; la porte est la seule ouverture de ces pièces.
Travailler, travailler ;
Balayer, nettoyer ;
Cuisiner, servir, se taire,surveiller, punir.
Balayer la cour sous le soleil de l’après midi,
Porter des seaux d’eau tirée du puits.
Suer, souffler, ne pas s’arrêter, ne pas se laisser distraire, ne pas trébucher sur les marches .
On a pu monter de l’infâme étage inférieur ; on a pu revoir la lumière, mais à quel prix ?
Trimer, œuvrer,bosser,besogner,servir, exécuter,peiner,supporter, accepter pour ne pas redescendre.
« s’ious plaît Maîtresse », « oui M’dame », « merci Monsieur »….
Ravaler ses larmes, apprendre une autre langue ;
Subir le joug,la tyrannie, ne jamais se plaindre ;
« oui Maître », » tout de suite Maîtresse »….
Les marches, un jour ont vu un maître, un blanc, venir parler d’abolition, d’émancipation, d’injustice ;
Cela ne s’est jamais reproduit
D’autres marches ont vu un maître trousser la petite servante sans qu’elle ne puisse rien dire.
Cela s’est souvent répété.
Il y a les marches savonneuses et glissantes de la laverie ;
Les marches acérées, arêtes saillantes de la forge ou sont fabriqués les fers, les chaînes ;
Il y a les marches évasées par milieu des cuisines, usées à force d’être lessivées.
Il y a Paulette, Josette, Ginette qui cousent près des marches pour essayer de capter un peu de lumière ; pas le droit de s’y asseoir.
Il y a Philobert, Camille, Dieudonné qui portent des fardeaux, coupent le bois, transpirent au soleil ;
iI y a des Arafan,Coumba,Bintou,Toumani qui ont du répondre à un autre nom.
Il y a des ombres qui font marcher la grande maison, qui glissent sur les marches, qui n’ont plus de passé, n’auront aucun avenir et ont perdu toute identité.

Au milieu de la cour, majestueux, un bel escalier à double révolution permet d’accéder aux appartements.La haut calme et opulence.

L’escalier d’honneur a des marches en marbre de Carrare ; elles sont larges et pas trop hautes pour que ces dames puissent y monter sans efforts ;
Elles sont immaculées, aucune trace de poussière ne doit souiller robes et jupons sur les trajets pour se rendre à l’église.
Les courbes harmonieuses du garde corps ne sont point trop hautes ; elles doivent permettre de voir ; Voir les tenues des illustres personnages qui fréquentent ces lieux.
En haut de l’escalier, une galerie ; elle permet l’accès au salon de réception,largement ouvert sur la mer;car ici ce n’est pas l’océan sauvage mais la mer et le clapotis des vagues ;
Une légère brise fait voler rubans et dentelles.
Parfois un mouchoir de batiste choit sur une des marches ; un galant homme le ramasse et l’offre délicatement à une jeune fille rougissante ;
Monsieur et Madame de la Martinère reçoivent souvent.
On danse, on grignote, on complote.
Il fait chaud, cela se passe dehors, sur la galerie, sur les marches, qui permettent une subtile hiérarchie ;
On traite des affaires, on se plaint de l’Afrique,( jamais ne sont évoqués certains sujets qui concernent le sous-sol de la maison).
Par l’escalier, intérieur et extérieur communiquent dans un va et vient incessant :
De légers pieds ont à peine effleuré les marches dans un doux froufrou de jupes ;des chaussures de cuir blanc, immaculées les ont franchies d’un pas assuré ;des chaussures à lacets, rigides et noires des ecclésiastiques les ont régulièrement empruntées ; des souliers vernis de jeunes gens les ont gravies 4 à 4; Des mocassins hésitants, craquant des coutures, des godillots militaires, des bottes martiales d’un général, des souliers de bal, toutes ont eu ce privilège.
Marches nettoyées, polies, très tôt le matin par les pieds nus d’en bas afin d’être prêtes à accueillir d’autres visites.

Goré s’est endormie lorsque cette époque a été révolue ;
Des historiens, des architectes sont venus ;Ils ont étudié, nettoyé, dessiné,soigné les passages, les escaliers,les murs de la maison ;Des hordes de touristes montent et descendent les marches de l’histoire ;
Ils s’exclament ou se recueillent sur le passé inscrit dans les murs de pierre ou de terre.

le tiroir du centre culturel

Le tiroir du centre culturel

septembre 2016

compte rendu médical :

à l’auscultation :

pas de pathologie notoire

mobilité :

l’appareil loco-moteur semble fonctionner harmonieusement,bien que l’on perçoive quelques raclements pour lesquels des investigations seront peut être nécessaires

anatomie :

le patient présente une longue barre stomacale que l’on peut saisir lors de la palpation ;

teint blanchâtre mais homogène sur tout le corps

réactions sternutatoires quand on lui demande d’ouvrir la bouche ;

signes cliniques à l’origine de la consultation :

Le patient sep plaint d’être parfois surchargé avec risque de débordements tels que vomissement ou de diarrhées.
anamnèse :

a vécu dans une fratrie de 6, tous identiques ; a subi la pression de puînés arrogants qui a suscité un sentiment d’écrasement

diagnostic,thérapeutique :

on donnera un traitement allopathique car le patient réside dans un lieu public,ou il est confronté à de nombreuses manipulations ; on prescrira des séances de kinésithérapie en cas d’humidité et de manque de souplesse dans les articulations.

 

 

point de vue écolo:

Il a été fabriqué il y a de longues années, en pin issu de forets locales,gérées durablement.

il est peint ; la peinture blanche du vingtième siècle doit contenir des oxydes de titane ; pas de plomb !

Il est inclus dans un meuble mural, surmonté de placards en aggloméré ; ceux ci bien sur toxiques, colles, plastiques,présence de COV seront à éliminer dans des déchetteries spécialisées, (on peut en effet craindre des traces d’amiante dans le revêtement de l’aggloméré).

Une poignée métallique pour l’ouverture ; elle est en aluminium,métal au bilan carbone négatif;l’aluminium peut être remplacé par de la céramique, résistante et neutre écologiquement.

Ainsi, le meuble pourra servir encore longtemps,il serait regrettable de s’en débarrasser pour le remplacer par du Ikéa, reconnu comme pollueur et par ailleurs avec une politique du personnel non éthique !

Il est nécessaire de faire comprendre au directeur du centre social que le recyclage est devenu une nécessité, que la course en avant du toujours plus technologique est une hérésie dans un monde ou les ressources sont limitées ;

Dans peu de temps,du fait du réchauffement climatique les tiroirs en bois seront appréciés pour leur qualités d’isolation thermiques !

 

plaidoirie

Messieurs, Mesdames les jurés, Monsieur le président ;

permettez moi de vous parler de la vie de mon client afin de vous aider à statuer en toute connaissance de cause sur cette situation délicate.

Ce tiroir est venu au monde dans une famille honnête, quoique assez ordinaire, j’ai nommé la famille Formica !

Il a grandi dans un lieu public ou il a travaillé avec vaillance,effectuant consciencieusement sa mission,protégeant courageusement ce qui lui était confié ;

Il a mené une vie régulière,glissant sur ses charnières quand on le lui demandait,ne sortant jamais du droit chemin.

Vers la fin de sa carrière un traumatisme : je veux parler de placards coulissants qui ont été placés au dessus de lui, oui vous avez bien entendu, messieurs les jurés au dessus de lui, et qui l’on écrasé de leur supériorité ; que croyez vous qu’il fit?il a simplement, humblement poursuivi sa mission en s’occupant de tâches mineures, protégeant le petits objets.

Voilà qu’a la fin d’une vie de dévouement on l’accuse de violence !

Il aurait pincé un doigt !

Qu’il me soit permis ici de m’étonner que le dossier d’instruction n’ait pas poursuivi l’interrogatoire des autres tiroirs, témoins directs de cette affaire !

De ce fait, je demande que soient audiencées ces personnes, ainsi que tous les mineurs présents le jour du drame !

En effet, messieurs dames les jurés des enfants ont raconté que la victime était très agitée,peut être même peut-on qualifier son comportement d’hyper actif !

Je subodore que cet enfant ait provoqué l’accusé et ses proches en les ouvrant et refermant d’un rythme infernal !

Comment s’étonner que dans un moment d’étourdissement mon client ait pu malencontreusement pincer un index ?

Monsieur le président, je vous demande de reporter cette affaire,l’instruction ayant été notoirement insuffisante;dans l’état actuel de la procédure, il n’est pas possible de juger sur le fond et la forme ;

Messieurs et mesdames les jurés je vous prie de bien vouloir considérer une longue vie de services rendus,d’acquitter ce tiroir et refuser de l’envoyer à la déchetterie !

la rumeur

La rumeur
10 octobre 206

Les poux sont de retour à l’école, traitez vos enfants !

Jeanne,je t’interdit de t’asseoir à coté de Ousman !Il a encore des poux.Je me demande à quoi ça sert de te traiter si ses parents n’ont aucune hygiène.
Peut être même qu’ils ne savent pas lire !
De toutes façons,tout le monde sait que les noirs vivent avec les poux, ça ne les gène pas !

Maîtresse, ma maman elle veut pas que je sois à coté de Ousman parce que ses parents savent pas lire, qu’il est pas propre;je veux être à coté de Zoé, c’est pas vrai qu’on se dissipe toutes les deux;

Tu vois Zoé ma chérie,toi tu n’en a pas des poux, c’est parce que tu as une bonne alimentation, pas de lactose, de gluten, que du bio !
Avec les ondes qu’il y a partout, la mal bouffe, pas étonnant que les autres enfants ne sachent plus se défendre,et que la vermine se multiplie !
Tu vois ma chérie que ta maman a raison de ne pas te laisser manger à la cantine ;
et comme maintenant ils vont tous mettre des bombes anti-parasites tu va respirer des gaz toxiques;tu n’ira pas à l’école cette semaine ; d’ailleurs on va aller vivre dans la Creuse, je te ferai l’enseignement à la maison.

En tant que déléguée FCPE des parents d’élèves,je trouve inadmissible qu’une certaine catégorie de population soit stigmatisée dès qu’il est question de poux;trop facile de jeter la pierre à quelques enfants étrangers qui fréquentent la classe!Je ne dénoncerai pas les fautifs, mais on voit bien que certains profitent de cette question pour avancer leurs idées nauséabondes en influençant les enfants…c’est sur ; les poux ça les arrange, d’ailleurs je me demande comment ils sont arrivés ces poux….

Madame Dupin m’a raconté la réunion de parents d’élèves de la classe de CP.Les enseignants au lieu de parler du programme et de la discipline,ont passé plus d’une heure sur le thème des poux ; tout est prétexte chez eux à ne rien faire, à discuter dans le vide ; avec toutes les vacances qu’ils ont, ils se plaignent sans arrêt ; il paraît même qu’on va les augmenter !
Ces poux ça les arrange bien, il paraît qu’ils ont été introduits sciemment dans cette classe…..moi ce que j’en dit ;

cette histoire de poux qui revient systématiquement,tu va pas me dire qu’il y a quelque chose qui cloche !A mon avis les produits des laboratoires si chers, ils sont inefficaces ;à eux ça rapporte !
d’abord, il y a eu le DDT,maintenant ils prétendent les produits naturels !Naturel, du pipi de chat oui !Tous les parents vont se précipiter à la pharmacie, ça engraisse les labos ; je me demande même si c’est pas eux qui lâchent quelques poux dans les classes pour vendre…y a des gens qui ont du se faire payer pour en mettre sur les tettes de leurs enfants !

Des poux?
de mon temps on en avait tous, on n’en faisait pas une maladie,ça faisait partie de notre vie;D’ailleurs les roux c’est bien connu, en étaient infestés.Les roux, sont pas comme nous autres;ils puent,ils sont sournois;Tu te rappelle de Louis Toulec?poil de carotte on l’appelait;Dieu merci,il n’a pas trouvé à se marier !

Camarades!la section syndicale doit réagir par rapport l’épidémie de poux.Nous pensons faire un courrier au maire de cette ville pour dénoncer une fois de plus l’état déplorable des locaux dans lesquels nous accueillons des enfants : préfabriqués insalubres,nombre d’enfants exagéré, manque de personnel d’entretien…je vous le dit, les enfants des cités, leurs enseignants sont abandonnés pas l’administration, il nous faut réagir !
Cette invasion de poux, 10 fois plus importante que dans l’école Vercingétorix du centre ville est la conséquence de l’incurie de l’administration !

Comment, vous ne savez pas ?
Il y a des poux dans la classe de CP de la cité ; c’est un enfant africain, roux, qui a infesté l’école,payé par des laboratoires pour faire marcher leur commerce ;
les instits en profitent pour se mettre en gréve ; le maire a touché des pots de vin, il a laissé faire;les blancs quittent tous cette école et vont aller vivre a la campagne pour ne plus manger à la cantine,parce qu’à la cantine, les repas sont mal équilibrés exprès et c’est la cause de pullulement de cette vermine !

portrait chinois du lâcher-prise

janvier 2016

Ça pourrait être une estampe japonaise:
Montagnes noyées dans la brume.
Ça pourrait être une saison d’herbe neuve:
Corps qui guettent les premiers soleils.
Ça pourrait être une maladie mélancolique:
Fièvre, tapis volant entre rêve et réalité.
Ça pourrait être un poisson ailé:
Porté par le courant, flotté au gré du vent.
Ça pourrait être une ruche de mousse:
Alvéoles moelleuses, vibrations graves, air irisé.
Ça pourrait être un trémolo qui berce:
Masse et accompagne le souffle.
Ça pourrait être la mélodie d’une contrebasse:
Mélopée conduisant à la transe.
Ça pourrait être la dernière lettre de l’alphabet:
Zen,zigzag, zoner, zéphyr, zénith.
Ça pourrait être une invitation au vide,
A l’ici et maintenant.
Ça pourrait être un parfum d’enfance:
Dans le beurre qui fond sur la crêpe du gouter.
Ça pourrait être le style de Marguerite:
Épure de vocabulaire, répétition, respiration.
Ça pourrait être la phase ultime d’un jeu:
Partage d’un rire fou contagieux ;

le peuple du buffet

mars 2016

minusculeLes buffets sont habités. Tout un monde s’y est développé à l’abri des regards des humains.
Il s’agit d’un univers miniature avec ses propres systèmes sociaux, des mondes parallèles qui s’ignorent.
Chaque meuble, chaque étagère, chaque tiroir recèle un mode de vie particulier.
On ne peut pas trouver de fil conducteur entre ces univers, si ce n’est la toute petite taille des êtres qui les peuplent.
Réduisons notre focale pour entrer dans le buffet de Madame Berthe et faire la connaissance du petit peuple des siettes.
Notre interlocutrice, Melle Vessel explique le mode de vie de son peuple.

« Nous vivons dans une HLM.
Dans nos maisons, lisses, plates, chaque famille a son étage.
Nous, peuple des siettes, connaissons des continents voisins : il y a les creusiettes et les ptisiettes ; Ils sont parfois étranges mais nous arrivons à communiquer ; les creusiettes ne sortent jamais de chez eux, de hautes barrières les en empêchent.

Notre vie est tranquille, chacun vaque à ses occupations ; nous sommes pacifiques, mais assez individualistes, tout se passe sur un seul étage de l’HLM ou nous vivons en famille ;
Sur l’étage qui est le logement d’une famille cohabitent une quinzaine d’individus d’age et de réserve d’énergie très différents.
Les plus faibles qui se déplacent peu, sont chargés d’instruire les plus récents ; ceux-ci débordent d’énergie, ne veulent pas l’économiser et rient quand les faibles leur conseillent de ralentir ; ils courent partout, jouent, posent des questions, et comment, et pourquoi, et veulent aller voir dans les autres étages ; Continuer la lecture

si j’étais architecte

5 février 2016

Si j’étais architecte, je me consacrerai à construire une cabane dans les arbres ;
Enfant, je passais des heures à califourchon dans le cerisier au milieu des merles ;
Je voudrai une bicoque, un abri tout petit, avec juste le nécessaire, un lieu intime destiné au voyage immobile.
Je dessinerai la cabane de mes rêves, un peu biscornue, un peu douillette avec de la lumière chlorophylle, des cerises ou des mangues à portée de main.
Conception sans vis : tenons et mortaises. Je devrai peut être abattre un arbre, j’en tirerai des planches que je polirai longtemps, avec patience.
Elle fonctionnera avec une éolienne aux pales de bois, de toutes petites cellules photo- électriques et il y aura récupération des eaux de pluie.

Je révolutionnerai le monde des fausses cabanes dans les campings de luxe ;
Je prouverai qu’on peut faire du beau avec quelques bois nobles, avec des bois simples, avec de l’osier ; Continuer la lecture

sérendipité

La sérendipité
17/01/2016

Du frigo à la mobylette

Mon papy, il raconte toujours la même histoire ; moi je sais que c’est vrai, mais la maitresse, elle m’a dit que j’étais un fa-bu-la… » quelque chose, ça veut dire qu’elle ne me croit pas !
Le grand père de mon papy, je sais bien qu’il a existé parce que j’ai vu une photo ; Pépé Eugène qu’il s’appelait ; il vivait dans l’ancien temps ; mon papy, il l’aimait beaucoup ; il l’aimait parce que c’était inventeur !
Il avait un hangar à Balma, il fabriquait des choses ;
Un jour il a voulu inventer un frigo ;
Moi je sais que les rois avant, pour garder des choses froides, ils faisaient porter de la glace des glaciers dans la montagne on la mettait bien tassée dans un trou et ça s’appelait une glacière. Du temps de pépé Eugène, y avait l’électricité, qu’elle existait pas du temps des rois.
Alors le pépé, il a eu l’idée de garder le froid avec l’électricité.
Mais avant, il fallait trouver comment fabriquer du froid, on ne pouvait pas continuer à aller le chercher dans les montagnes !
Le pépé, comme c’était un savant il savait que les gaz quand on les mélange ça fait de la chimie ; il avait vu aussi en nettoyant des trucs en fer que l’ammoniaque ça dégage du froid ;
Pour garder les gaz qui peuvent faire du froid, il faut les rendre liquides ; même la maîtresse elle le sait que les gaz peuvent devenir liquides, elle nous l’a appris avec la vapeur d’eau ;
Alors, mon papy, il m’a dit que l’idée de génie du pépé ça a été d’inventer un « con-presseur » : c’est une machine qui serre très fort les gaz et ça les fait liquides ;
Après on les met dans l’armoire qui garde le froid ; il faut faire un mélange, ça s’appelle un mélange « cry-o-gène » ; c’est dur de se rappeler de ce mot, mais je le sais par cœur à force d’écouter mon papy qui raconte toujours la même histoire quand on mange et qu’il a bu l’apéro ; maman je vois que ça l’énerve….
Dans le hangar de papy Eugène, des produits chimiques, y en avait plein, de toute sortes et un jour au lieu de mettre l’ammoniaque, il a mis de l’essence dans le compresseur ;
Il a compressé l’essence et ben, ça a fait une explosion !
Très forte ; les lunettes du pépé sont cassées et tout ce qui était autour du compresseur est parti et même lui le gros et lourd compresseur, il s’est déplacé !
Alors le pépé, il a compris qu’avec la force de cette explosion on pouvait faire bouger des choses ;
Il a essayé beaucoup, souvent, tout le monde disait qu’il était fou parce que ça faisait boum et boum…
Quand il a compris comment ça marchait, il a pensé de mettre le compresseur sur son vélo ; et ben, le vélo, il avançait tout seul, plus besoin de pédaler !
Mon papy, il dit que ça faisait peur à tout le monde, les gens disaient que c’était l’œuvre du diable.
Le pépé, il allait partout avec son invention, il l’avait appelée la bicyclette mobile, puis il disait la « mob ».
La maitresse elle dit que c’est pas vrai que le pépé Eugène a inventé la mob, elle dit que c’est monsieur Peugeot qu’a inventé la mobylette.
Mais moi je sais que ce monsieur, il a volé l’idée du pépé ; il avait des sous, il fabriqué beaucoup de bicyclettes mobiles, il en a vendu plein et est devenu plus riche encore ; après il a fait des cyclomoteurs et des velosolex qui sont d’autres sortes de la mob du pépé Eugène.
Le pépé Eugène, il a été très malheureux qu’on a jamais dit que c’est lui qui avait trouvé cette belle l’idée en cherchant a fabriquer du froid ; on n’a même jamais dit que c’était lui qui avait fabriqué le « proto-type » ;le prototype ça veut dire ça veut dire le premier exemplaire, l’invention. Même qu’il a plus voulu rien inventer après.
Mon papy, il a vu le chagrin de son grand père et c’est pour ça qu’il en parle tout le temps ; Quand maman est fâchée que papy il parle toujours de ça, papa, il dit que c’est un « trauma familial » ; là je ne sais pas ce que ça veut dire parce que moi je connais des mots de mécanique parce que mon papy il me les raconte, mais je connais pas bien les autres mots !