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textes du samedi à bonnefoy

La lisière de l’enfance

Nombre de joueurs: nombre d’ateliéristes YAKSA

Age (mental): 7 ans maximum

J’ai toujours aimé les jeux de société. Et même aujourd’hui, j’y joue encore car c’est dans le jeu où reviennent en moi les émotions refoulées que j’exprime par des fous rires, titillée par mon esprit de compétition.

Mais alors quels sont les compagnons de jeu idéaux ? Des amies que j’aime pour leur côté enfantin justement. Elles se fichent du regard des autres, sont fidèles à elles-mêmes, sont curieuses de tout, même des interdits.

Maintenant que je vous ai parlé de mon goût pour le jeu et présenté mes amies, je vous invite à jouer avec moi. Quel est le but ? Atteindre le pays de l’enfance.

Choisissez d’abord avec quel pion vous voulez jouer. Vous êtes libre d’endosser n’importe quel rôle : un géant, un elfe, une brouette ( pour les Monopoly lovers), une fée des bois, une sorcière, un hibou, un paysan. Il est important pour gagner le pays de l’enfance d’être libre de choisir qui on veut être.

Maintenant que vous vous êtes décidés, vous pouvez poser votre pion à côté du mien. Lancer le dé pour lancer les hostilités. Qui sera le premier à arriver à la lisière de la forêt ?

1, 2, 3 nous irons aux bois. Me voici sur la case 3 :

« Vous êtes confinés chez vos grands-parents pendant 8 semaines. Que faire pour ne pas tomber dans l’ennui ? »

Choix n°1 : Vous décidez de rentrer chez vous au risque de vous prendre une amende de 135 euros. Vos grands-parents sont gentils oui, mais vous n’allez pas rester 2 mois chez eux. Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir faire ? Vous préférez la connexion Internet aux discussions avez Papy et Mamie et aux rangements du grenier. Si tel est votre choix, vous pouvez dire au revoir au pays de l’enfance ! Ce jeu n’est pas fait pour vous, vous pouvez abandonner la partie. 

Choix n°2 : Vous ne cédez pas à l’abattement et à l’ennui ! Il y a tellement de choses à faire chez Papy et Mamie ! Ce n’est pas la Grande Côte qui va vous faire peur. Relancez les dés, vous êtes prêts à continuer !

4, 5, 6, cueillir des cerises. Case 6.

Choix n°1 :  Vous voici donc chez Papy et Mamie. Comment ne pas commencer la journée par un petit (ici, entrez au choix thé ou café)? Papy est parti nourrir les chevaux et Mamie vient prendre le ( (ici, entrez au choix thé ou café) avec vous. Vous entamez la conversation. Mais Mamie n’entend pas très bien et vous perdez patience. La discussion ne dure pas longtemps. Pour votre manque de persévérance, votre tour est sauté.

Choix n°2 :  Vous discutez avec Mamie pendant 1h30. Vous faites fi de sa légère ( ?) surdité et vous la laissez parler, même si elle radote un peu. Mais ce qu’elle raconte est passionnant. Elle vous parle de la guerre, de son enfance dans le Nord, de vos cousins et vous quand vous étiez petits. Ce flot de paroles vous emmène peu à peu dans de douces rêveries. C’est super ça, vous êtes ravi de parler de votre enfance et Mamie aussi !

7, 8, 9 dans mon panier neuf. Vous êtes décidément abonné au chiffre trois. Tiens, ça me fait penser au cheval de Troie…

Choix n°1 : Papy vous montre la collection de vieux livres de son frère décédé. Vous n’en avez que faire de sa passion pour l’Iliade et l’Odyssée. N’aurait-il pas d’autres livres plus contemporains à me conseiller ?

Choix n°2 : ça y est, vous êtes parti pour une grande épopée ! Tous ces récits de héros et de chevaliers vous ramènent en enfance, lorsque vous lisiez par grandes gorgées. « On pouvait pas te sortir d’un livre, tellement tu étais plongée dedans ! » rappelle Papy. C’est vrai ça, avant, vous lisiez des romans d’aventures, des histoires rocambolesques d’espions et de sorciers… Et maintenant, vous lisez surtout pour vos études de Lettres. Fini le temps où on lisait ce qu’on voulait ! Quand même, les livres de Papy vous donnent bien envie de replonger dans vos livres de fantasy favoris. Vos efforts portent leurs fruits ! Regardez le sourire qui se dessine sur le visage de Papy !

10, 11, 12, elles seront toutes rouges. Rouges comme les visages de vos petits cousins tout essouflés.

Choix n°1 : Vos cousins d’issus de germains qui habitent dans le coin vous proposent de jouer avec vous. Quel jeu organiser ? Vous ne vous sentez pas l’âme d’un boute en train…

Choix n°2 : Un jeu dans la cour ? Mais quelle bonne idée ! Vous proposez un petit parcours en vélo avec des obstacles. Vous installez des planches sur lesquelles il faut rouler, des plots pour faire des slaloms… Chic alors ! Les cousins s’amusent comme des petits fous ! Vous passez tout l’après-midi dans la cour. Vous prenez vous aussi du plaisir à participer. C’est là que vous vous rappelez quand vos grands cousins, maintenant adultes, organisaient le même jeu pour vous occuper. C’est super cette initiative ! Vous êtes prêt à devenir le babysitter le plus sollicité du village !

C’est bon, vous êtes au bout de votre aventure ! Félicitations, vous voilà arrivés à la lisière de la forêt.

Cluedo carnavalesque à l’Utopia Borderouge

Ce texte a été écrit dans le cadre d’un atelier d’écriture de l’association Yaksa productions à l’Utopia Borderouge le 7 mars. Une journée autour de 18 mots pour gratter le papier, éveiller l’imagination et partager nos écrits.

Chacun-e a pioché une catégorie littéraire parmi conte, sentimental, thriller, policier, horreur, érotique, science-fiction, historique, fantastique et a raconté une histoire en plaçant 18 mots dans cet ordre: étrange, gazette, mayonnaise, soie, lampadaire, cocotte minute, pinceau, écorce, matelas, autoroute, symphonie, ombre, mouton, plumeau, corral, clocher, ordinateur, lune. J’ai tiré le papier “Policier”.

Salut, toi qui oses entrer dans l’Utopia Borderouge! Fais attention, car un homme en cavale pour ses crimes serait passé par là ou y est peut-être encore, caché dans sa planque… Si tu veux en savoir plus sur l’enquête, je t’invite à lire cet article au titre étrange « Bal masqué et Cluedo à l’Utopia Borderouge » dans la gazette du cinéma.

L’agent Mayonnaise ne se remettait encore pas de l’ordre de son commissaire. Lui, aurait préféré s’élancer sur la route de la soie pour enquêter sur les contrebandiers et les chauve souris zombies! Mais hélas la mayonnaise ne prit pas! On lui confia une affaire plus citadine qui avait lieu dans la ville de Toulouse. Plus sur la route des lampadaires que sur la route de la soie, maugréa t-il lorsqu’il reçut sa mission… Son fidèle assistant Mr Cocotte Minute à ses côtés, il allait lui montrer, à son commissaire, tiens, qu’il pouvait mettre la main sur l’assassin. Et quel assassin ! Puisque celui là avait l’art de se camoufler. Il présentait toujours un visage différent à la police grâce à son talent pour faire des masques. Muni d’un pinceau, il peignait tour à tour un visage de renard, de vipère, de lapin sur de l’écorce qu’il découpait. Aussi rusé que le renard, il rampait sous le lit semblable à une vipère pour effectuer son crime puis finissait par détaler comme un lapin. On trouvait la plupart du temps ses victimes la nuque et le matelas simultanément transpercés. Mais sa manière de tuer ne s’arrêtait pas aux matelas. Il alla même jusqu’à enfoncer le couteau à travers l’appui tête d’un conducteur qui s’était arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. On le soupçonnait maintenant de prévoir un meurtre au Metronum. Un groupe au nom bien lugubre, la Symphonie de l’ombre, jouait ce soir là. Ça n’annonce rien de bon, marmonna Mayonnaise (les amateurs de Cluedo le surnommaient Colonel Moutarde). Ça va tourner au vinaigre, moi je vous le dis. Le policier et son assistant Cocotte Minute étaient sur le qui-vive. Trop tard. On dénombra quatre victimes. Quatre coups de couteau avaient été plantés à travers le siège des spectateurs. Monsieur Cocotte Minute cria à son supérieur: « Regarde, le voici avec un masque! ». En effet, un homme au visage de mouton venait de filer par la sortie de secours. Ni une, ni deux, les deux enquêteurs le suivirent. Ils arrivèrent, haletants, sur la place du métro. Ils eurent à peine le temps d’apercevoir l’assassin s’engouffrer par la porte de l’Utopia Borderouge. La piste les emmena dans la salle des gazettes. L’homme masqué avait disparu.L’assistant Cocotte Minute ramassa le plumeau du masque sur lequel était accroché un petit papier: « Feuilletez toutes les gazettes et trouvez celle où sont écrits les mots “Corral”, “Clocher”, “Ordinateur” et “Lune”, vous noterez son numéro qui constitue le code d’accès à ma planque. »

A l’heure où je vous écris, les deux compères cherchent encore le numéro de la gazette. Existe t-elle vraiment ? Peut-être l’homme-mouton court-il toujours, le sourire aux lèvres…

Résumé surréaliste

2 mots par tableau x 24 tableaux de Magritte
Atelier du 1 février 2020

L’armoire de famille dévoilera au visiteur solitaire les silhouettes inconnues dissimulées dans l’inconscient de notre planète intime.

Enfermé dans la colonne de l’aveuglement, le songe quotidien d’un projet oublié livre à l’humain l’autoportrait d’un fantôme échoué.

Cette promenade intérieure ébloui le seul couple rouge de désir de la ville, théâtre nu, où voyage l’ignorance et la tristesse naturelle.

De la culture du regard naîtra l’idée folle et volontaire d’une personnalité au rêve de beauté.

Qui est-il?

atelier du samedi 9/11/2019

Un soir, je me promenais dans une petite rue du centre : vitrine éclairée et petite foule élégante verre à la main sur le trottoir.

Sans réfléchir je suis entré.
Jamais mis les pieds dans un vernissage, qu’est-ce qui m’a pris?
Jolie lumière, ambiance douce, j’ai aimé tout de suite.
Ce n’était pas du tout mon environnement, rien de familier, j’étais égaré, j’étais là, juste là sans penser à rien.
Depuis tout jeune mon truc c’est ressentir, j’ai ce mot dans la tête, en réfléchissant je crois que je cherche à retrouver le baiser de ma mère, le soir sur mes paupières avant de m’endormir.
«Je veux être un homme heureux» dit la chanson, je crois que ressentir c’est être heureux.

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Relecture du portrait de …

Atelier du 1février 2020

Il y a si longtemps qu’ils avaient décidé d’ignorer l’essentiel.

Ils avaient d’abord perdu les peaux de bêtes, les grossières lanières de cuir ensuite.

Ils avaient oublié la saveur du sang chaud, l’excitation de voir l’animal arriver à portée de lance.

Ils avaient oublié les rudiments de la vie: se nourrir et se réchauffer.

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Marguerite et l’Enchanté.

Magritte Le blanc seing

Il était une fois la princesse Marguerite, qui éprise de liberté, partit dés l’aube, la veille de l’anniversaire de sa majorité, pour une longue promenade équestre sur son fidèle et fringuant hunter à sa somptueuse robe fauve.

Elle l’avait nommé René, alors qu’âgée d’à peine trois ans, elle s’était hissée pour la première fois sur son dos.

Le rythme de sa monture était si régulier, si harmonieux qu’au fil des heures de chevauchée, son esprit vagabondait bien loin des préoccupations du château.

Malgré tout, Marguerite savait que le lendemain elle devrait rencontrer Léopold, son promis depuis sa naissance. Il était le fils ainé du royaume voisin, l’ennemi juré de son père, avec lequel les conflits perduraient depuis plus d’un siècle.

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La Parole

Parole que l’on dit sans y penser :
La parole qui échappe, le mot de trop où la parole exprimée
sans retenue se transforme en parole dérangeante et devient celle qu’on n’aurait pas dû dire.

Parole qui peut être mise en musique ou en poème :
Parole divine, elle est posée sur une musique sacrée
Parole qui ne peut pas se dire, se scande en rimes par le poète, portant en elle sa propre musique, elle se décline en accords harmonieux sur la portée du compositeur.

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Il y a des lieux

acrylique / Sophie G

Il y a des lieux que l’on imagine….

Le labyrinthe halluciné du lapin frénétique poursuivit par une Alice éperdue,
La diabolique maison en alléchant pain d’épice d’Hansel et Gretel,
La forêt enchantée qui se referme pour cent interminables années sur la Belle endormie,
Les fêtes débridées du Chicago des années folles,
La planète Mars exempte d’air et d’eau, avenir parait-il, de l’humanité,
La foisonnante vie cachée Dix mille lieues sous les mers,
Les trésors sans pareil de la cité engloutie de l’Atlantide.

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printemps

Printemps ; Les oiseaux s’animent à l’aube et réveillent les dormeurs embués, tout encore à leur songes nocturnes. Les forets de rêves s’épaississent, s’étiolent et disparaissent tandis que l’éveil s’étire. Le réveil retentit, comme une alerte pour le dormeur, qui lui rappelle qu’il doit abandonner le monde des songes et s’activer dans le réel. La jeunesse du jour offre un petit répit aux amoureux du sommeil, qui s’octroient encore quelques minutes entre deux aires, fondus de sommeil et d’éveil, comme une éclipse, rare moment du quotidien où les choses ne sont pas là ou elles doivent être. Le salaire des dormeurs, c’est ce tout petit moment, suspendu, parenthèse, fusion d’un espace temps réel et irréel, image sans dessin, sans contour, image chaude dont il ne restera rien dès lorsqu’un pied sera posé au sol, juste une sensation, et un concept, celui du répit, la gourmandise autorisée, comme une douce musique qu’on se rappelle à nos oreilles, réconfortante. Vivement demain matin.