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la rumeur

La rumeur
10 octobre 206

Les poux sont de retour à l’école, traitez vos enfants !

Jeanne,je t’interdit de t’asseoir à coté de Ousman !Il a encore des poux.Je me demande à quoi ça sert de te traiter si ses parents n’ont aucune hygiène.
Peut être même qu’ils ne savent pas lire !
De toutes façons,tout le monde sait que les noirs vivent avec les poux, ça ne les gène pas !

Maîtresse, ma maman elle veut pas que je sois à coté de Ousman parce que ses parents savent pas lire, qu’il est pas propre;je veux être à coté de Zoé, c’est pas vrai qu’on se dissipe toutes les deux;

Tu vois Zoé ma chérie,toi tu n’en a pas des poux, c’est parce que tu as une bonne alimentation, pas de lactose, de gluten, que du bio !
Avec les ondes qu’il y a partout, la mal bouffe, pas étonnant que les autres enfants ne sachent plus se défendre,et que la vermine se multiplie !
Tu vois ma chérie que ta maman a raison de ne pas te laisser manger à la cantine ;
et comme maintenant ils vont tous mettre des bombes anti-parasites tu va respirer des gaz toxiques;tu n’ira pas à l’école cette semaine ; d’ailleurs on va aller vivre dans la Creuse, je te ferai l’enseignement à la maison.

En tant que déléguée FCPE des parents d’élèves,je trouve inadmissible qu’une certaine catégorie de population soit stigmatisée dès qu’il est question de poux;trop facile de jeter la pierre à quelques enfants étrangers qui fréquentent la classe!Je ne dénoncerai pas les fautifs, mais on voit bien que certains profitent de cette question pour avancer leurs idées nauséabondes en influençant les enfants…c’est sur ; les poux ça les arrange, d’ailleurs je me demande comment ils sont arrivés ces poux….

Madame Dupin m’a raconté la réunion de parents d’élèves de la classe de CP.Les enseignants au lieu de parler du programme et de la discipline,ont passé plus d’une heure sur le thème des poux ; tout est prétexte chez eux à ne rien faire, à discuter dans le vide ; avec toutes les vacances qu’ils ont, ils se plaignent sans arrêt ; il paraît même qu’on va les augmenter !
Ces poux ça les arrange bien, il paraît qu’ils ont été introduits sciemment dans cette classe…..moi ce que j’en dit ;

cette histoire de poux qui revient systématiquement,tu va pas me dire qu’il y a quelque chose qui cloche !A mon avis les produits des laboratoires si chers, ils sont inefficaces ;à eux ça rapporte !
d’abord, il y a eu le DDT,maintenant ils prétendent les produits naturels !Naturel, du pipi de chat oui !Tous les parents vont se précipiter à la pharmacie, ça engraisse les labos ; je me demande même si c’est pas eux qui lâchent quelques poux dans les classes pour vendre…y a des gens qui ont du se faire payer pour en mettre sur les tettes de leurs enfants !

Des poux?
de mon temps on en avait tous, on n’en faisait pas une maladie,ça faisait partie de notre vie;D’ailleurs les roux c’est bien connu, en étaient infestés.Les roux, sont pas comme nous autres;ils puent,ils sont sournois;Tu te rappelle de Louis Toulec?poil de carotte on l’appelait;Dieu merci,il n’a pas trouvé à se marier !

Camarades!la section syndicale doit réagir par rapport l’épidémie de poux.Nous pensons faire un courrier au maire de cette ville pour dénoncer une fois de plus l’état déplorable des locaux dans lesquels nous accueillons des enfants : préfabriqués insalubres,nombre d’enfants exagéré, manque de personnel d’entretien…je vous le dit, les enfants des cités, leurs enseignants sont abandonnés pas l’administration, il nous faut réagir !
Cette invasion de poux, 10 fois plus importante que dans l’école Vercingétorix du centre ville est la conséquence de l’incurie de l’administration !

Comment, vous ne savez pas ?
Il y a des poux dans la classe de CP de la cité ; c’est un enfant africain, roux, qui a infesté l’école,payé par des laboratoires pour faire marcher leur commerce ;
les instits en profitent pour se mettre en gréve ; le maire a touché des pots de vin, il a laissé faire;les blancs quittent tous cette école et vont aller vivre a la campagne pour ne plus manger à la cantine,parce qu’à la cantine, les repas sont mal équilibrés exprès et c’est la cause de pullulement de cette vermine !

Quelque part, des doigts et des touches

Quelque part, des doigts et des touches
Quelqu’un est un violon mielleux et quelqu’un contrebasse
Quelque part quelqu’un corde, accorde, décorde, répète, clac clac
Quelqu’un trompette et quelqu’un cligne et les yeux dansent
Quelqu’un a le tournis et vomit
Quelque part un petit train interlude l’écran de la télévision
Quelque part, par-ci par-là, quelqu’un part, est parti
Quelqu’un flûte et tant pis pour celui qui est parti
Quelqu’un tambourin, argentin, ou colombien ou chilien
Ne saura pas, ne sera pas, espagnol perdu, parti.
Quelque part, voix cristalline, voix craquelée
Quelqu’un sa peur, sa voix
Quelqu’un en transe percute intensément et obstinément la même prière inquiète
Quelque part, le film s’achève.
Quelqu’un banjote, country, et se croit malin avec sa chanson nasillarde même pas drôle
Quelqu’un, l’Espagnol perdu parti, contemple les chœurs de l’Asie du sud-est
Quelque par en Asie du sud-est une voix séduit l’Espagnol perdu parti
Quelqu’un murmure, chuchote, susurre
Quelque part quelques sons tiennent longtemps l’oreille perdue partie d’un Espagnol en transe
Quelque part le film commence : on danse
Quelqu’un n’aime pas danser
Quelqu’un déclare avec assurance avoir un Espagnol perdu parti et affirme qu’il va le retrouver. Il crie, hurle, postillonne, bave, gonflé de certitudes.

Marie-Françoise
Atelier du lundi 7 novembre 2016, en écoutant vingt minutes de musique

ATELIER DU 9 mai

In-tranquille je suis,

Dans le village désert.

Si l’homme parfois effraie,

Ici, c’est son absence.

Du linge flottant à la fenêtre

Signale une présence.

Où est-elle ?

In-tranquille, je glisse

Dans les rues désertes

Tous mes sens en éveil.

Par la porte entr’ouverte

D’un vieux bar délabré

J’ose balayer du regard

Un espace sans vie.

Seulement, des photos,

Visages sans sourire,

Absence de couleurs.

In-tranquillité.

Deux ombres furtives

Détournent mon regard.

Je les suis en courant,

Trébuchant dans un amas

De fils de fer emmêlés,

Jusqu’au bout de la rue.

Un sourire s’esquisse,

Quand à bout de souffle,

De loin je vois ma barque,

Qui tangue sous le vent.

A côté une femme et son enfant,

Font des ricochets.

Tout à l‘heure, elle ôtera le linge

De la fenêtre et le rangera dans l’armoire.

MUR MURS – Extraits de la collection de Brigit Bosch et Patrick Meunier Centre d’art Le LAIT Albi

Il a vécu en Normandie, mais il n’est pas né en Normandie. Ces potes aimaient le taquiner sur sa bouille ronde, sa démarche très droite, quasiment raide, sa chevelure « Viking », en fait un vrai anglo-normand.

Le jour de ses cinquante ans, parmi ses nombreux cadeaux, celui qui fût son préféré, une boîte de Camembert en bois de peuplier !

Très vite il comprit la référence aux nombreuses boutades de ses amis sur son côté Normand en lui offrant l’emballage d’un produit nutritif qui a fait la renommée de la Normandie. Mais son émotion fut au comble quand il détailla la décoration peinte sur le couvercle. Une scène d’Afrique de l’Ouest, au loin en arrière plan une médina, puis au premier plan, deux femmes, l’une voilée, l’autre pas, comme installées devant un étal de tissus avec une grosse marmite où l’on prépare le tajine.

La vue, les odeurs, les couleurs, tout son univers, tout ce qui l’avait construit pendant ses années passées dans le Sud Marocain avec sa première épouse.

Quelques jours plus tard, après cette fête anniversaire, il avait extrait de ses malles d’expéditions africaines, l’ancien carnet intime de son épouse berbère aujourd’hui décédée. Une grande femme élancée à la chevelure crépue, aux lèvres épaisses et au torse menu, curieusement pour une femme du Maghreb.

Ce carnet intime recouvert d’une fine feuille de métal, peinte par elle-même dans des nuances noires et grises, comme de longs branchages verticaux et au centre une feuille en forme de bouche, rouge écarlate, la reproduction de ses propres lèvres.

C’était d’ailleurs le seul objet qu’il avait conservé après son décès du à une maladie foudroyante.

Aujourd’hui il se décide de l’exposer à côté de ce couvercle de fromage. Deux enveloppes bien différentes, l’une de matière périssable, l’autre de paroles immortelles.

En posant ce livre intime de Noémie, il ne feuilleta pas les nombreuses pages du récit de sa vie, ce qu’il avait fait de maintes et maintes fois après sa disparition. Heureux de pouvoir rester là en contemplation sur la jaquette de cahier et le couvercle au logo de « la vache qui rit » 50% de matière grasse !

Tout cela paru si normal, ce cadeau d’anniversaire, cette nouvelle recherche vers ce cahier intime objet de sa bien-aimée disparue.

Et du coup, maintenant il prenait plaisir à faire les brocantes en quête d’objets.

Ses pas le conduisirent un jour, vers Lille, sa ville de naissance, à la fameuse grande braderie de Septembre.

Peu de choses à acheter, sauf un coup de cœur pour une lithographie, sous la forme d’une affiche, œuvre d’un artiste contemporain. Elle représentait divers articles de la presse locale comme cachés, minutieusement grillagés de rectangles en petites touches de taches d’encre de chine diluée, ne laissant que de petites cases où seuls quelques mots restaient lisibles comme 49000 dollars, 2 600 000 chômeurs, studio à louer, Lille, étudiant.

Rentré chez lui il décida que cette acquisition accompagnerait ces deux autres pièces déjà exposées.

Lui l’homme qui avait su en tant qu’étudiant choisir la discipline de l’anthropologie et avait eu la chance d’aller à la découverte du monde et particulièrement de l’Afrique septentrionale lui qui a cherché à aller toujours au-delà des murs, des barrières, voir derrières tous ces masques, burqas, tchador, et autre hijab. Il a toujours souhaité connaître plus intensément les humains qu’il croisait, au cours de ses voyages, au-delà de sa fonction, il voulait connaître leur vie leur sentiment et surtout celui des femmes, dont Noémie qui elle, n’a jamais voulu se voiler pour sa religion, mais aimer son homme en toute tranquillité et si fortement.

Bien plus tard encore dans un déballage de son quartier d’une bourgade normande où il habitait, quelle ne fut pas sa stupeur de découvrir suspendu à un fil, un gros cube en bois, avec sur l’une des faces, au centre une peinture naïve, réaliste en perspective d’un écran de réveil matin numérique où était indiqué le

jour et le mois du décès de Noémie. Paul aurait donné une fortune au gamin qui vendait cet objet conceptuel, dont il ignorait sûrement la valeur et qu’il céda, ravi pour 5.

Pierre se précipita chez lui accrocher ce mobile près de sa collection.

Les années qui suivirent, il essaya vainement de prolonger cette collection. Tout ce qu’il trouvait comme objet enveloppé, enfermé, bouclé, cloitré, coffré, mis sous clef ou claquemuré aurait pu le séduire.

Mais quel objet pourrait l’unir à nouveau au souvenir des caresses de son épouse.

Mais quel objet l’abreuverait comme l’eau si douce de ces baisers.

Mais quel objet lui ferait penser aux paroles suaves et aux chants d’amour glissant de la bouche de son aimée.

Alors il se mit en quête d’acheter toutes les cassettes vidéo « vhs » qu’il trouvait sur les souks au cours de ses nouveaux périples au Maroc.

L’espoir impossible de trouver sur l’une de ses tournages de leur vie commune, puis abandonné à leur dramatique séparation, l’espoir que sur l’une de ses cassettes mal réutilisées à la recopie frauduleuse d’un film, sur la bande magnétique un peu de l’image et du son de Noémie seraient encore inscrits.

Et si miraculeusement cela arriverait, il installerait un auditorium pour passer en boucle sur grand écran, au milieu de sa collection, ce film témoin de leur amour.

 

 

Atelier d’écriture YAKSA

Philippe

chanter

Chanter

 

Si on connait la chanson, on peut la chanter à tue-tête, la fredonner, ou chantonner, en chœur, à l’unisson, en solo, en duo, en canon. Mais encore faut-il chanter juste, en cadence, en harmonie, sans fausse note.

Pour ceux qui chantent faux, ou qui ont une voix de crécelle, mieux vaut entonner des chansons paillardes, des chansons de marins, brailler,  s’égosiller, s’époumoner ou même hurler, jusqu’au chant du coq.

Si ça vous chante, ou si vous ne savez faire que chanter, devenez chef de chœur, ou professeur de chant. Faites chanter les autres, entrainez ténors, barytons, divas et sopranes aux belles  voix de sirènes. Faites chanter, mais sans devenir maître-chanteur, le chant exige de la pureté. Chantez de concert, donnez de jolis concerts, vocalisez, modulez votre chant, donnez de la voix de façon mélodieuse. Qu’il s’agisse de chants religieux, profanes, grégoriens, d’un hymne, d’une ritournelle, vous aurez toutes les chances d’enchanter votre auditoire. On vous dira « chantez encore » mais jamais « chante toujours  (— beau merle —).

Les oiseaux chantent, et  magnifiquement. Ils gazouillent, pépient, piaillent, roucoulent. Ils  chantent la vie, l’amour et la beauté du monde. Le coq chante pour annoncer le début du jour, et ce n’est surement pas par hasard qu’on l’a souvent appelé « Chantecler ». Pourtant, s’il évoque la coqueluche, ce n’est que du poulailler… Quant à la poule, il  est  de bon ton depuis des temps immémoriaux qu’elle ne « chante pas aussi haut  que le coq »  (Noël du Fail – milieu du 16è siècle). Qu’en est-il exactement aujourd’hui ? C’est une autre chanson !

Le chant n’est pas réservé aux seuls êtres vivants : Le pain chante en cuisant. L’eau chante avant de bouillir (ce ne sont que les humains qui chantent quelquefois comme une casserole). Les fontaines, les cascades, les rivières et les ruisseaux nous font partager le chant de l’eau.  Pour Rimbaud « C’est un trou de verdure où chante une rivière ».

La langue elle-même peut être chantante, par sa tonalité, par son accent particulier. On chante les louanges de quelqu’un d’exceptionnel. La voix ensorcelante d’un chanteur de charme nous impose silence. Le  tout petit s’endort paisiblement lorsque sa mère lui chante une berceuse.

On déchante parfois. A une personne racontant des sottises, on dira « mais qu’est-ce que tu me chantes là ? ». Et  si  elle continue, on lui reprochera de chanter toujours la même chose, on lui demandera de chanter sur un autre ton, pour lui clouer le bec, et lui rabattre son caquet. Elle n’aura plus qu’à la mettre en sourdine, et ne plus desserrer les dents.

On pourrait supposer que le chantre soit irréprochable : outre qu’il chante aux offices religieux, il représente l’anagramme du mot chanter. Pourtant, si l’on en croit Alosyius Bertrand (Gaspard de la nuit – 1842)  «Trente moines, épluchant feuillet par feuillet des psaumes aussi crasseux que leur barbe, louaient Dieu et chantaient pouilles au Diable ».

Plus poétique, Alfred de Musset écrit : « Puisque tu sais chanter, ami, tu sais pleurer », ou Sophocle : «  N’est malheureux que celui qui ne sait pas chanter ».

Pas question de chanter victoire. Remettons à plus tard les chants funèbres et autres chevrotements,  construisons-nous des lendemains qui chantent et mettons en pratique les derniers mots de la fable de La Fontaine : « Vous chantiez, j’en suis fort aise, et bien, dansez maintenant ! ».

 

 

existentialisme

21 Mars 1949

Anna est seule dans la roulotte avec son bébé. Moment précieux, où elle a dénudé son sein pour l’offrir à la petite fille. Son regard couve l’enfant -qui boit goulûment- d’une aura de tendresse. Elle songe à sa sœur dont le parfum capiteux flotte encore dans la pièce.

Comme à son habitude, Flora est venue en coup de vent aux portes de Toulouse où est installé le campement des gitans. Elle s’est glissée dans la roulotte d’Anna en grand secret car leur père l’a bannie depuis longtemps de leur communauté  quand il a appris qu’elle fréquentait des gadjos de la ville.

  • Ce sont des étudiants de l’Université a confié Flora à sa sœur. je suis de toutes leurs fêtes. Ils disent que je suis leur égérie ! Ce soir, tu te rends compte, c’est la soirée la plus recherchée de Toulouse : la nuit de l’exis-ten-tia-lisme !

Non, Anna ne se rendait pas compte mais elle a laissé la jeune femme lui expliquer ce que lui avaient dit les étudiants. L’existentialisme, c’est être maître de son destin, c’est vivre où et quand on en a envie. Et cela convient tout à fait à Flora ! Et puis IL sera là, son nom flotte sur toutes les lèvres, lui, le génial poète, l’auteur compositeur interprète de saint Germain des prés, mais si, voyons, le trompettiste … Boris Vian ! Il les régalera d’airs de jazz. Anna ne voit toujours pas mais n’ose le dire à sa sœur …

Flora a consulté sa montre de prix et s’est levée brusquement. Elle a enfilé une fourrure et elle est partie dans un grand éclat de rire en embrassant Anna et sa nièce.

Dans une cave du vieux Toulouse la fête bat son plein.Des groupes de musiciens, des chanteurs sont entourés par des dizaines de zazous aux cheveux gominés et aux tenues excentriques dans un brouhaha coloré . Sur des airs de be-bop et de swing des couples se déchaînent sur la piste de danse.

Mais l’attraction la plus prisée de la soirée est sans doute la prestation de Flora : juchée sur une table, entièrement dénudée, elle tête goulûment une bouteille de whisky coûteux, visage levé vers le ciel. Autour d’elle se pressent des visages de mâles concupiscents, l’un approche même ses lèvres de son sein. Mais elle n’en a cure, elle les domine tous : elle est l’image de la liberté !

Dans la tiédeur de la roulotte, seule avec sa fille, dans ce silence si particulier fait d’amour et de connivence, Anna observe la petite qui tête avec ferveur. Elle sourit en pensant à sa sœur : elle aussi est exactement là où elle a envie d’être…

Y a d’l’orage dans l’air

l'orage avance

l’orage avance

Le gris souris d’la tapisserie
Le rouge moelleux d’un gros tapis

Des vitres opaques pour toute lucarne
Du verre fumé, pour tout cacher

Chut !… et salle d’attente

Attente lente, sourire poli
Regard serein, attente polie

Et puis soudain :
Le flash.
La porte s’ouvre, l’air froid gambade
Un parfum lourd noie toute la salle
La porte claque.

Elle

Regard qui plombe, sourire en coin
Robe grenat, gros sac à main…
Comme un éclair, elle cisaille l’air.

« Mon bon compère dans ton imper tu fais gangster.
T’as l’air de rien »

Elle me dit ça, pour tout bonjour
Ça commence bien.
Déjà j’étouffe
J’ai besoin d’air
Je m’entends dire :
« Ma bonne amie – mon coup de foudre
Tu es un nuage – un gros grain noir.
Vas-t-en pleuvoir… un peu plus loin. »

Chez le notaire, croisons-le fer
Nos avocats pour seuls témoins.

Premier tonnerre : des ragots.
Ragots rares puis ragots rudes.
Elle mégote sur l’arrosage
Elle l’a payé, elle en témoigne
Moi je l’arrose de mes sarcasmes
« Payer le jardin, tu l’pouvais bien !
Qui s’occupait de nos gamins ?! »

Elle vitupère, je m’enhardis
Les coups volent bas
La haine aussi.

Comme un garrot, ça nous oppresse
Comme un ogre, ça nous dévore.

Éclair tonnerre
Y ‘a pas à dire : la tension monte
Et elle attaque et je réponds
On mégote dur
C’est très amer
Le coup de foudre a foutu le camp
Reste la colère
Et puis ça barde
Pour sûr ça claque
« Vieux salop ! » « Vieille peau ! »
« Chien galeux ! » « Mauvaise graine ! »
C’est l’incendie – la pluie de cris
On hurle on frappe
Du plat des mains
Les avocats n’y peuvent rien
C’est l’pugilat
Éclairs tonnerres, on remet ça
Le divorce craque
L’orage vole bas.

EXPOSITION GUILLAUME BEAUGE

 

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EXPOSITION GUILLAUME BEAUGE

Quand je ferme les yeux, je m’endors dans une ramification aride sur une herbe noire, en compagnie de biches rigides, de têtes de mort secrètes.

Ma tête comme un fleuve chamboulé, pleine de bulles discontinues devient un fourre- tout vide. Yeux fermés je me sens porté dans un hamac abstrait, planté sur un feuillage confus, d’une lumière polychrome. Mon corps épouse une modulation dérangeante. Dans ce fantasme opaque, dans cette hallucination floue, je glisse sur une pente exacerbée sous une pluie dominante comme une boule flexible d’une lampe rouge.

Un enfantement névrosé d’une folie ennuyante.

Philippe/Bonnefoy janvier 2014

Victime d’Elle

Elle n’est pas donnée à tout le monde.
Il y a ceux qui passent devant encore et encore et qui jamais ne la verront, ne s’y accosteront.
Elle est là pourtant à portée de main, à portée de vie.
Il suffit juste de lever la tête et l’on peut la voir accoudée à son balcon.
Elle nous surplombe de sa maestria.
Elle nous dissous de son regard doux.
Elle nous terrasse, nous rend fou.
La réalité n’a plus cours.
On tombe malade, on perd pied.
On s’énamoure de cette coqueluche.
Elle nous bouffe, nous fait nous consumer pour ses atouts à balconnets.
Une fois qu’elle a jeté son dévolu sur notre personne,
Le rythme s’accélère,
On s’affole, on s’étiole,
Esprit dérangé,
Elle nous enchaîne,
On est saoul d’amour,
Et puis lorsque ça cesse,
qu’elle se lasse,
On a le contre coup,plus rien n’a de goût,
Vie sans soleil, nuit sans étoile,
On ne vit plus, n’existe plus.
Elle nous surplombe de sa maestria,
Elle nous dissous de son regard doux,
Elle nous terrasse, nous rend fou.