Depuis trop de jour déjà, elle était dans un état d’hébétude dont rien ni personne ne semblait pouvoir la distraire.
Elle agitait nerveusement la souris, cliquant compulsivement, le regard rivé sur l’écran. Ses yeux d’un bleu profond trahissaient sa tristesse.
Immobilité soudaine. Elle lit. Un imperceptible sourire apparaît sur ses lèvres pâles.
-Voilà, c’est là.
Elle se laisse aller sur le dossier de son fauteuil, le regard absent. Une grande lassitude s’empare de son corps. Pourtant elle compose un numéro sur son téléphone.
-Allo, c‘est moi, je vais partir, tout à l’heure,
-Non, je ne veux pas te dire où, ne t’inquiète pas.
Elle se lève, attrape sa grosse valise, et jette un regard circulaire dans son appartement. Elle hésite longuement avant de choisir plusieurs livres qu’elle range au fond de la valise. Puis elle y dépose soigneusement, vêtements, chaussures, cahiers, et autres effets indispensable à une longue absence.
Tout cela lui avait demandé un gros effort. Elle se laissa choir sur le lit, épuisée. Elle ferma les yeux.
Lorsqu’elle s’est remise debout, elle a débranché les appareils électriques, tiré les rideaux, pris sa valise et son sac à main. Elle est sortie et a fermé la porte à clé. Elle n’avait plus rien à faire dans cette ville.
Le train roule maintenant à grande vitesse. Elle est déjà loin. Il fait nuit depuis longtemps mais elle n’a pas réussi à dormir, tout juste à sommeiller. Dans quelques heures elle sera arrivée.
Debout devant la gare elle se laisse caresser par la douce brise du premier matin de sa nouvelle vie. La ville dort encore. Elle marche dans les rues désertes, et soudain l’immensité de bleu s’offre à son regard. Le soleil vient tout juste de quitter la ligne d’horizon et déjà sa chaleur réchauffe son corps meurtri. Elle s’assied sur le sable humide.
L’air du large l’envahit.