Il est la chaîne de l’ancre qui amarre tout un chacun à son chez soi, ce lieu sacré. Il est l’accumulation de maillons d’acier, maillons cuivrés, enlacés, imbriqués les uns dans les autres, s’embrassant pour l’éternité… succession d’étapes, en forme de casse-tête, évolution de l’âme sous couvert de bric-à-brac. Entrelacs, boucles et ressorts. Mousquetons, scoubidou et autres mascottes. D’aucuns le prennent pour un grigri, pour un boulet. Il s’enfonce dans les profondeurs abyssales du sac à main des dames, fantôme évanescent aux reflets d’étoiles. Caché, tapi sous un pli, c’est à son bruit qu’on le retrouve. Entre les doigts, son joli tintamarre et le froid du métal. C’est lui ! On lève l’ancre. La porte se ferme, on part… La porte s’ouvre, on rentre. Et pourtant, malgré son poids, malgré ses années passées à agréger des anneaux de Saturne – au fil de voyages absurdes – les anneaux des JO – au long des épreuves de la vie – il n’est rien tout seul. Il n’a aucune utilité s’il ne porte pas les précieux sésames qui n’ouvrent qu’un unique lieu sacré.
Car il n’est qu’un porte-clé.