NUIT

(c) Marie Carré

(c) Marie Carré

Vers qui ce regard perçant l’obscurité, cherchant le moindre reflet de ce monde glauque ? Visage interdit, déshabillé de tous ses masques, se dévoilant pourtant, à peine comme une statue figée. Découpage d’une mosaïque de vie enfouie.

Sa vie dans une lueur intime, ses yeux plombés au sol mouillé, cachés sous de larges sourcils bruns. Elle laisse là, une trace non déterminée, fissurée de blessures infligées par des hommes de rencontre. Protégée, penses-t-elle d’un imaginaire rideau de fer comme celle d’une boutique fermée du Rialto.

Cela faisait bien longtemps que dans sa tête, elle n’avait pu s’engager dans la profondeur de ce vieil escalier de la maison du quartier de son enfance ? Violence, bagarre, marionnette de ces heurts, commencés déjà avec son père.

Aucun confessionnal, aucun thérapeute n’avait su calmer sa douleur, ni ces flèches pénétrant son corps. Elle se sentait comme un bas-relief mais encore vivante !

Elle aurait voulu se grandir, atteindre la démesure, gonfler son visage pour affronter toutes ces verticalités qui l’avaient offensée.

Doit-elle se justifier, elle que ces hommes regardent toujours et encore au détour de leur ballade nocturne de canaux en canaux de ponts en ponts. Rien, elle n’est que l’image imaginée par un metteur en scène italien pour son dernier film «  le viol ».

 

Philippe/ Atelier Bonnefoy 2015

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