question d’objectivité

La vallée de Cominac, Ariège ;
30 km au sud est de Saint Girons ; 800m d’altitude
Hiver : arbres branches nues, feuilles de hêtre au sol ;
Des feuilles ocres sur les chênes ;
Terrain en pente, herbe verte, abondante ;
Des granges sur le versant ; pierres grises, toits pentus en ardoise ;
Plus bas un village : maisons rapprochées, fumée aux cheminées, église au clocher bulbe ;
Au sud en face, la chaine des Pyrénées ; différents étages suivant l’altitude et l’éloignement ; il y a de la brume ;
Au dessus les cimes blanches, sur le ciel bleu.
On entend le moteur d’une tronçonneuse.

Le soleil d’hiver réchauffe la vallée, il enchante les prés ;
Les feuilles des hêtres sous les arbres comme des nids douillets, roux et bruissants ;
Des éclats de lumière dansent sur les dernières feuilles des chênes ;
Sur l’herbe, verte et grasse, des granges sont blotties, promesse de chaleur et de foins parfumés pour les troupeaux ;
Au village, plus bas, des écharpes de fumée s’envolent, gracieuses vers le ciel ; L’église et le clocher au centre, où se nouent les destins des habitants ;
Le chant d’une tronçonneuse, la vie est là, évocation de la chaleur de foyer.
Les Pyrénées au loin, baignées de douce lumière bleutée, piquetées de paillettes de neige, comme un appel vers l’au delà de cette vallée, qu’un vent aventurier caresse.
On peut sentir le printemps à venir sous les stigmates de cet hiver, promesse de vie nouvelle ;

La vallée, en hiver ; les arbres noirs, branches nues, menaçantes ;
Les feuilles au sol, bruyantes, odeur de pourriture ;
L’herbe, gorgée d’eau froide, spongieuse et glissante, traitre, sur ce terrain en pente ; pas d’endroit ou se raccrocher.
Les granges, comme des blocs durs, inquiétantes, portes closes ;
Le village plus bas, hostile, isolé, fermé aux étrangers ; l’église et son confessionnal ;
Au loin les montagnes obstruent la vallée ; un poids sur les épaules, sur le cœur, dans les jambes, jamais cette barrière naturelle ne pourra être franchie ; elle condamne la vallée et ses secrets ; pas d’échappatoire, l’hiver va tout figer ;
Cri strident d’une tronçonneuse.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.