PRISES
C’est à l’âge adulte que j’ai connu les montagnes, je n’ai donc pas de circonstance atténuantes : ce n’est pas par caprice de jeunesses que je me promène au-dessus du vide. Pour qui est né entre l’Apennin et la mer, les montagnes et les flots sont des frontières. Mais passé trente ans les profils des montagnes me semblèrent plus attrayants que toute autre ligne de la nature. J’appris les techniques de l’alpinisme, les cordées, l’équipement et le vide. J’ai remonté de magnifiques précipices, des rochers droits et éblouissants de Gaeta aux tours rouillées des Dolomites ; aux immenses parois où l’on peut perdre la voie directe. Le sommet n’est jamais le but, seulement un terme. On regarde à peine l’horizon tout autour, puis à nouveau en route dans les descentes, parfois aussi difficiles que les montées. Le soir, on pense aux prises, aux parois en surplomb franchies, pas au panorama. On escalade seulement par besoin de parcourir une ligne verticale. Continuer la lecture