se perdre…

Pourquoi vouloir se perdre ?
On essaie de se protéger,
Mais l’homme reste nu.
La verticalité demeure un danger.
Seul l’oubli, la somnolence perdurent.
Mémoire fœtale, mémoire du petit homme,
Broussaille origine du monde,
Goutte de pleurs du lait maternel.
S’endormir au sein de la forêt protectrice.
Cacher vos blessures.
A l’orage du temps, aux vagues des tempêtes,
Même affaibli, craindre la verticalité.
Pas de soumission au soleil.
Quittez la gangue de l’enfance,
Laissez l’oiseau en vous se déployer.
Le sexe, l’amour, votre chemin de croix
Sans espace libre, dégagé.
La nudité vous révèle.
Vous chercherez à vous perdre à nouveau
Serein, dans cette nature aux couleurs fanées.
La rose emblématique du renouveau,
L’amour libre…
Ne plus se reconnaître
Dans un flou noir d’aiguilles sombres,
Mémoire de vos racines sauvages,
Explosion du souvenir de votre jeunesse,
Douceur, tendresse, harmonie et
Le doux écho du bruissement des arbres.
Vous êtes belle, vos yeux étincellent.
Toute la nature frémit et renaît.
Vos corps s’enlacent
Pour se perdre dans la luxuriance.
L’homme se mêle à la terre
Tout cela, pour crier au monde :
« Je ne suis qu’un corps »

En binôme, Anne Tournadre – Philippe Courtemanche
Texte écrit sur l’exposition au Château d’eau : » Shane Lavalette et Nolwenn Brod ». (Mars 2017)

le tiroir du centre culturel

Le tiroir du centre culturel

septembre 2016

compte rendu médical :

à l’auscultation :

pas de pathologie notoire

mobilité :

l’appareil loco-moteur semble fonctionner harmonieusement,bien que l’on perçoive quelques raclements pour lesquels des investigations seront peut être nécessaires

anatomie :

le patient présente une longue barre stomacale que l’on peut saisir lors de la palpation ;

teint blanchâtre mais homogène sur tout le corps

réactions sternutatoires quand on lui demande d’ouvrir la bouche ;

signes cliniques à l’origine de la consultation :

Le patient sep plaint d’être parfois surchargé avec risque de débordements tels que vomissement ou de diarrhées.
anamnèse :

a vécu dans une fratrie de 6, tous identiques ; a subi la pression de puînés arrogants qui a suscité un sentiment d’écrasement

diagnostic,thérapeutique :

on donnera un traitement allopathique car le patient réside dans un lieu public,ou il est confronté à de nombreuses manipulations ; on prescrira des séances de kinésithérapie en cas d’humidité et de manque de souplesse dans les articulations.

 

 

point de vue écolo:

Il a été fabriqué il y a de longues années, en pin issu de forets locales,gérées durablement.

il est peint ; la peinture blanche du vingtième siècle doit contenir des oxydes de titane ; pas de plomb !

Il est inclus dans un meuble mural, surmonté de placards en aggloméré ; ceux ci bien sur toxiques, colles, plastiques,présence de COV seront à éliminer dans des déchetteries spécialisées, (on peut en effet craindre des traces d’amiante dans le revêtement de l’aggloméré).

Une poignée métallique pour l’ouverture ; elle est en aluminium,métal au bilan carbone négatif;l’aluminium peut être remplacé par de la céramique, résistante et neutre écologiquement.

Ainsi, le meuble pourra servir encore longtemps,il serait regrettable de s’en débarrasser pour le remplacer par du Ikéa, reconnu comme pollueur et par ailleurs avec une politique du personnel non éthique !

Il est nécessaire de faire comprendre au directeur du centre social que le recyclage est devenu une nécessité, que la course en avant du toujours plus technologique est une hérésie dans un monde ou les ressources sont limitées ;

Dans peu de temps,du fait du réchauffement climatique les tiroirs en bois seront appréciés pour leur qualités d’isolation thermiques !

 

plaidoirie

Messieurs, Mesdames les jurés, Monsieur le président ;

permettez moi de vous parler de la vie de mon client afin de vous aider à statuer en toute connaissance de cause sur cette situation délicate.

Ce tiroir est venu au monde dans une famille honnête, quoique assez ordinaire, j’ai nommé la famille Formica !

Il a grandi dans un lieu public ou il a travaillé avec vaillance,effectuant consciencieusement sa mission,protégeant courageusement ce qui lui était confié ;

Il a mené une vie régulière,glissant sur ses charnières quand on le lui demandait,ne sortant jamais du droit chemin.

Vers la fin de sa carrière un traumatisme : je veux parler de placards coulissants qui ont été placés au dessus de lui, oui vous avez bien entendu, messieurs les jurés au dessus de lui, et qui l’on écrasé de leur supériorité ; que croyez vous qu’il fit?il a simplement, humblement poursuivi sa mission en s’occupant de tâches mineures, protégeant le petits objets.

Voilà qu’a la fin d’une vie de dévouement on l’accuse de violence !

Il aurait pincé un doigt !

Qu’il me soit permis ici de m’étonner que le dossier d’instruction n’ait pas poursuivi l’interrogatoire des autres tiroirs, témoins directs de cette affaire !

De ce fait, je demande que soient audiencées ces personnes, ainsi que tous les mineurs présents le jour du drame !

En effet, messieurs dames les jurés des enfants ont raconté que la victime était très agitée,peut être même peut-on qualifier son comportement d’hyper actif !

Je subodore que cet enfant ait provoqué l’accusé et ses proches en les ouvrant et refermant d’un rythme infernal !

Comment s’étonner que dans un moment d’étourdissement mon client ait pu malencontreusement pincer un index ?

Monsieur le président, je vous demande de reporter cette affaire,l’instruction ayant été notoirement insuffisante;dans l’état actuel de la procédure, il n’est pas possible de juger sur le fond et la forme ;

Messieurs et mesdames les jurés je vous prie de bien vouloir considérer une longue vie de services rendus,d’acquitter ce tiroir et refuser de l’envoyer à la déchetterie !

la rumeur

La rumeur
10 octobre 206

Les poux sont de retour à l’école, traitez vos enfants !

Jeanne,je t’interdit de t’asseoir à coté de Ousman !Il a encore des poux.Je me demande à quoi ça sert de te traiter si ses parents n’ont aucune hygiène.
Peut être même qu’ils ne savent pas lire !
De toutes façons,tout le monde sait que les noirs vivent avec les poux, ça ne les gène pas !

Maîtresse, ma maman elle veut pas que je sois à coté de Ousman parce que ses parents savent pas lire, qu’il est pas propre;je veux être à coté de Zoé, c’est pas vrai qu’on se dissipe toutes les deux;

Tu vois Zoé ma chérie,toi tu n’en a pas des poux, c’est parce que tu as une bonne alimentation, pas de lactose, de gluten, que du bio !
Avec les ondes qu’il y a partout, la mal bouffe, pas étonnant que les autres enfants ne sachent plus se défendre,et que la vermine se multiplie !
Tu vois ma chérie que ta maman a raison de ne pas te laisser manger à la cantine ;
et comme maintenant ils vont tous mettre des bombes anti-parasites tu va respirer des gaz toxiques;tu n’ira pas à l’école cette semaine ; d’ailleurs on va aller vivre dans la Creuse, je te ferai l’enseignement à la maison.

En tant que déléguée FCPE des parents d’élèves,je trouve inadmissible qu’une certaine catégorie de population soit stigmatisée dès qu’il est question de poux;trop facile de jeter la pierre à quelques enfants étrangers qui fréquentent la classe!Je ne dénoncerai pas les fautifs, mais on voit bien que certains profitent de cette question pour avancer leurs idées nauséabondes en influençant les enfants…c’est sur ; les poux ça les arrange, d’ailleurs je me demande comment ils sont arrivés ces poux….

Madame Dupin m’a raconté la réunion de parents d’élèves de la classe de CP.Les enseignants au lieu de parler du programme et de la discipline,ont passé plus d’une heure sur le thème des poux ; tout est prétexte chez eux à ne rien faire, à discuter dans le vide ; avec toutes les vacances qu’ils ont, ils se plaignent sans arrêt ; il paraît même qu’on va les augmenter !
Ces poux ça les arrange bien, il paraît qu’ils ont été introduits sciemment dans cette classe…..moi ce que j’en dit ;

cette histoire de poux qui revient systématiquement,tu va pas me dire qu’il y a quelque chose qui cloche !A mon avis les produits des laboratoires si chers, ils sont inefficaces ;à eux ça rapporte !
d’abord, il y a eu le DDT,maintenant ils prétendent les produits naturels !Naturel, du pipi de chat oui !Tous les parents vont se précipiter à la pharmacie, ça engraisse les labos ; je me demande même si c’est pas eux qui lâchent quelques poux dans les classes pour vendre…y a des gens qui ont du se faire payer pour en mettre sur les tettes de leurs enfants !

Des poux?
de mon temps on en avait tous, on n’en faisait pas une maladie,ça faisait partie de notre vie;D’ailleurs les roux c’est bien connu, en étaient infestés.Les roux, sont pas comme nous autres;ils puent,ils sont sournois;Tu te rappelle de Louis Toulec?poil de carotte on l’appelait;Dieu merci,il n’a pas trouvé à se marier !

Camarades!la section syndicale doit réagir par rapport l’épidémie de poux.Nous pensons faire un courrier au maire de cette ville pour dénoncer une fois de plus l’état déplorable des locaux dans lesquels nous accueillons des enfants : préfabriqués insalubres,nombre d’enfants exagéré, manque de personnel d’entretien…je vous le dit, les enfants des cités, leurs enseignants sont abandonnés pas l’administration, il nous faut réagir !
Cette invasion de poux, 10 fois plus importante que dans l’école Vercingétorix du centre ville est la conséquence de l’incurie de l’administration !

Comment, vous ne savez pas ?
Il y a des poux dans la classe de CP de la cité ; c’est un enfant africain, roux, qui a infesté l’école,payé par des laboratoires pour faire marcher leur commerce ;
les instits en profitent pour se mettre en gréve ; le maire a touché des pots de vin, il a laissé faire;les blancs quittent tous cette école et vont aller vivre a la campagne pour ne plus manger à la cantine,parce qu’à la cantine, les repas sont mal équilibrés exprès et c’est la cause de pullulement de cette vermine !

Quelque part, des doigts et des touches

Quelque part, des doigts et des touches
Quelqu’un est un violon mielleux et quelqu’un contrebasse
Quelque part quelqu’un corde, accorde, décorde, répète, clac clac
Quelqu’un trompette et quelqu’un cligne et les yeux dansent
Quelqu’un a le tournis et vomit
Quelque part un petit train interlude l’écran de la télévision
Quelque part, par-ci par-là, quelqu’un part, est parti
Quelqu’un flûte et tant pis pour celui qui est parti
Quelqu’un tambourin, argentin, ou colombien ou chilien
Ne saura pas, ne sera pas, espagnol perdu, parti.
Quelque part, voix cristalline, voix craquelée
Quelqu’un sa peur, sa voix
Quelqu’un en transe percute intensément et obstinément la même prière inquiète
Quelque part, le film s’achève.
Quelqu’un banjote, country, et se croit malin avec sa chanson nasillarde même pas drôle
Quelqu’un, l’Espagnol perdu parti, contemple les chœurs de l’Asie du sud-est
Quelque par en Asie du sud-est une voix séduit l’Espagnol perdu parti
Quelqu’un murmure, chuchote, susurre
Quelque part quelques sons tiennent longtemps l’oreille perdue partie d’un Espagnol en transe
Quelque part le film commence : on danse
Quelqu’un n’aime pas danser
Quelqu’un déclare avec assurance avoir un Espagnol perdu parti et affirme qu’il va le retrouver. Il crie, hurle, postillonne, bave, gonflé de certitudes.

Marie-Françoise
Atelier du lundi 7 novembre 2016, en écoutant vingt minutes de musique

ATELIER DU 9 mai

In-tranquille je suis,

Dans le village désert.

Si l’homme parfois effraie,

Ici, c’est son absence.

Du linge flottant à la fenêtre

Signale une présence.

Où est-elle ?

In-tranquille, je glisse

Dans les rues désertes

Tous mes sens en éveil.

Par la porte entr’ouverte

D’un vieux bar délabré

J’ose balayer du regard

Un espace sans vie.

Seulement, des photos,

Visages sans sourire,

Absence de couleurs.

In-tranquillité.

Deux ombres furtives

Détournent mon regard.

Je les suis en courant,

Trébuchant dans un amas

De fils de fer emmêlés,

Jusqu’au bout de la rue.

Un sourire s’esquisse,

Quand à bout de souffle,

De loin je vois ma barque,

Qui tangue sous le vent.

A côté une femme et son enfant,

Font des ricochets.

Tout à l‘heure, elle ôtera le linge

De la fenêtre et le rangera dans l’armoire.

ATELIER DU 5 avril (exposition GIACOMELLI)

Ah ! Tu veux que je suggère l’Italie par une impression graphique, comme un bavardage intérieur et nocturne ou comme l’intimité de l’amour qui se cache dans les chemins interdits où flotte le souvenir d’un tremblement de terre?

Comme un avion mis en orbite, je recherche, le nez au vent, sans pensées dominantes, libre.

Apparaissent alors, sans fin, des champs, des lacs et des écorces qui gribouillent des sillons joyeux en pelote d’encre.

Les anciennes tapisseries des maisons délabrées tracent au hasard des mikados noircis par le temps comme les rides des visages usés par l’indigence et l’abandon.

L’Italie suggère la beauté à la profondeur d’un regard. Elle dissimule l’impression opaque des miroirs transparents derrière l’entrelacement de la vie qui s’écoule.

portrait chinois du lâcher-prise

janvier 2016

Ça pourrait être une estampe japonaise:
Montagnes noyées dans la brume.
Ça pourrait être une saison d’herbe neuve:
Corps qui guettent les premiers soleils.
Ça pourrait être une maladie mélancolique:
Fièvre, tapis volant entre rêve et réalité.
Ça pourrait être un poisson ailé:
Porté par le courant, flotté au gré du vent.
Ça pourrait être une ruche de mousse:
Alvéoles moelleuses, vibrations graves, air irisé.
Ça pourrait être un trémolo qui berce:
Masse et accompagne le souffle.
Ça pourrait être la mélodie d’une contrebasse:
Mélopée conduisant à la transe.
Ça pourrait être la dernière lettre de l’alphabet:
Zen,zigzag, zoner, zéphyr, zénith.
Ça pourrait être une invitation au vide,
A l’ici et maintenant.
Ça pourrait être un parfum d’enfance:
Dans le beurre qui fond sur la crêpe du gouter.
Ça pourrait être le style de Marguerite:
Épure de vocabulaire, répétition, respiration.
Ça pourrait être la phase ultime d’un jeu:
Partage d’un rire fou contagieux ;

le peuple du buffet

mars 2016

minusculeLes buffets sont habités. Tout un monde s’y est développé à l’abri des regards des humains.
Il s’agit d’un univers miniature avec ses propres systèmes sociaux, des mondes parallèles qui s’ignorent.
Chaque meuble, chaque étagère, chaque tiroir recèle un mode de vie particulier.
On ne peut pas trouver de fil conducteur entre ces univers, si ce n’est la toute petite taille des êtres qui les peuplent.
Réduisons notre focale pour entrer dans le buffet de Madame Berthe et faire la connaissance du petit peuple des siettes.
Notre interlocutrice, Melle Vessel explique le mode de vie de son peuple.

« Nous vivons dans une HLM.
Dans nos maisons, lisses, plates, chaque famille a son étage.
Nous, peuple des siettes, connaissons des continents voisins : il y a les creusiettes et les ptisiettes ; Ils sont parfois étranges mais nous arrivons à communiquer ; les creusiettes ne sortent jamais de chez eux, de hautes barrières les en empêchent.

Notre vie est tranquille, chacun vaque à ses occupations ; nous sommes pacifiques, mais assez individualistes, tout se passe sur un seul étage de l’HLM ou nous vivons en famille ;
Sur l’étage qui est le logement d’une famille cohabitent une quinzaine d’individus d’age et de réserve d’énergie très différents.
Les plus faibles qui se déplacent peu, sont chargés d’instruire les plus récents ; ceux-ci débordent d’énergie, ne veulent pas l’économiser et rient quand les faibles leur conseillent de ralentir ; ils courent partout, jouent, posent des questions, et comment, et pourquoi, et veulent aller voir dans les autres étages ; Continuer la lecture

si j’étais architecte

5 février 2016

Si j’étais architecte, je me consacrerai à construire une cabane dans les arbres ;
Enfant, je passais des heures à califourchon dans le cerisier au milieu des merles ;
Je voudrai une bicoque, un abri tout petit, avec juste le nécessaire, un lieu intime destiné au voyage immobile.
Je dessinerai la cabane de mes rêves, un peu biscornue, un peu douillette avec de la lumière chlorophylle, des cerises ou des mangues à portée de main.
Conception sans vis : tenons et mortaises. Je devrai peut être abattre un arbre, j’en tirerai des planches que je polirai longtemps, avec patience.
Elle fonctionnera avec une éolienne aux pales de bois, de toutes petites cellules photo- électriques et il y aura récupération des eaux de pluie.

Je révolutionnerai le monde des fausses cabanes dans les campings de luxe ;
Je prouverai qu’on peut faire du beau avec quelques bois nobles, avec des bois simples, avec de l’osier ; Continuer la lecture