Carte postale de Plonk et Replonk
Les métiers d’antan : Le briseur de tympans
Si on remonte la généalogie de la famille Sourdingue, la filiation la plus incontestée est celle de l’histoire d’un compagnon maçon qui construisit des églises au onzième siècle.
Les textes de collectionneurs, retrouvés aujourd’hui un peu en éclats et en morceaux racontent qu’un ancêtre Sourdingue s’était donné la mort au tympan de la cathédrale de Limoges. Cela peut vous fendre le cœur, mais il avait bien été fracassé, pulvérisé, au fronton de cette cathédrale, lui l’ouvrier modèle, pas du tout briseur de grève, d’ailleurs à cette époque, ce genre de mouvement subversif n’existait pas.
Est-ce cette horrible fin de vie qui créa dans cette famille la volonté de faire le métier de briseur de tympans?
Il est vrai que si nous observons l’oreille, sa rondeur, ses courbes, son galbe ne vous font-ils pas penser à l’art Roman, et aux édifices d’avant le gothique.
Est-ce que ce gène est né d’une vengeance ? D’où la pratique de ce métier si assourdissant et odieux, ayant pour but de vous réduire en miettes, vous anéantir, faire des débris de vos tympans, grâce à un appareillage de création de sons à haute intensité distillé voir secreté par d’énormes pavillons sur vos oreilles.
Mais qui pouvait aimer se faire supplicier ainsi. On cite des chanteurs, des joueurs de tuba, des hommes politiques, mais surtout des êtres ayant subi de violentes souffrances morales, tout cela pour calmer leurs agitations.
Ps : le dernier briseur de tympan est mort en 1945, à l’hôpital psychiatrique de Rodez, faute d’avoir trop écouté Antonin Artaud commenter l’automutilation de l’oreille gauche de Van Gogh. Aucun descendant n’a voulu reprendre le métier.
Philippe Mars 2014
Atelier Bonnefoy