Poème pour La grande Messe de Collectif Païen, juin 2018, Magasins Généraux Pantin
Il enserre l’espoir entre ses mains jointes. Prier pour gagner. Mains soudées, le vœu ne s’envolera pas. Il faut remporter la victoire, il le faut vraiment. Ce désir blesse ses doigts comme un étau.
Ressorti vivant de l’arène, il lève les yeux au ciel, enveloppe nue de peau qui remercie. Il ressort des ténèbres, traînant des vagues de lumière.
Ravis, les yeux, le sourire
Ondoyante mouvance de ses cheveux quand
De ses bras levés elle acclame le joueur
Une joie noire jaillit de la gueule ouverte en un cri
Combustion hurlée de l’émotion
Échographie d’une défaite
Ici le désespoir et là la tristesse
Il cache ses yeux
Un oiseau dit : t’inquiète pas, des buts, il y en aura d’autres !
Il sort la tête de l’océan, respire, finit de recracher le mucus de la défaite. Encore un instant et but. Il remonte le temps, à vive allure, il y est déjà. But ! Un nouveau jour se lève.
Mains jointes
Exsudant une lumière de prière
Remerciement
Il s’incline pour que le ciel fasse miracle, mains ouvertes, aucune défaite n’y peut tenir. Voici le ballon du monde offert à la messe païenne des hommes. Il faut beaucoup se recueillir pour que les jambes, le mental et le ballon soient trinité.
Petit, il en rêvait, ado il en bavait, entraînements jusqu’à l’ultime limite de ses forces. C’est aujourd’hui sa première messe du ballon rond. Il prie avant le combat, évoque tous les esprits et tous les saints.
Maillot vingt du vainqueur
De toutes ses dents il mord
La victoire
Lumières du stade pour une foule irradiée par la rage de gagner. Ces énergies reliées autour d’une sphère de quelques centimètres de diamètre, cette liesse quand l’orbe du mandala trace droit au but. Le mystère demeure.
Échographie d’un dépassement
Le désir de gagner enserré dans l’étau de ses mains jointes, une joie noire sortie de l’antre ouvre sa gorge en un cri.
Il a sorti la tête de la vague, recraché le mucus de la défaite, un nouveau jour commence.
Enveloppe nue ressortie vivante de l’arène, il quitte les ténèbres et remercie le ciel.
Exsudant une belle lumière telle qu’en un tableau religieux, il se recueille après le combat, remercie les esprits et les saints, la sainte trinité des jambes, du mental et du ballon.