J’ai trente ans ce mois-ci. Je suis née en l’an de grâce 1983.
On était en décembre et il faisait froid dans la petite imprimerie de région parisienne où l’on m’a accouchée. Pour l’employé qui m’accueillit, je présentais de nombreux défauts : je n’étais pas terminée – mon histoire se concluant sur un précipice de pages blanches – et ma couverture était complètement ratée.
« L’opéra des enfants » – mon titre – était nu, seul. Le maquettiste avait oublié de préciser le nom de mon auteur. Ma tranche sauvait l’honneur de cet amateur, mais ça s’arrêtait là, car il y avait aussi le mystère de la page 132. Le motif complexe qui y était représenté ressemblait à celui qui illustrer la couverture. Cependant, tout le monde pouvait y déceler de très nettes différences de circonvolutions. Étaient-elles voulues ? Personne ne le savait. Tout le monde, au point où ça en était, s’en fichait. Continuer la lecture