Je suis seul.
Clown triste dans une lumière crue.
Ballotté par la vie. Pantin influençable.
Je me regarde dans ce miroir, seule fenêtre dans cette chambre froide.
L’image qu’il me renvoie est floue, comme mes souvenirs.
Souvenirs d’une jeunesse interrompue par un éclat de vie.
Je suis seul et j’ai peur.
Peur de me rappeler.
Et pourtant ça cogne, ça tape dans ma tête.
C’est chaud, c’est rouge.
Je me retire dans un coin de cette pièce aux murs défraîchis.
Je me retire derrière ces barrières de folies qui m’évoquent des étagères vides.
Pieds et mains liés, ma seule liberté serait la pensée.
Je suis seul.
Ma vie, je le sais, je l’avais rêvé.
Tant de fois imaginée.
Comme un slogan publicitaire.
Tout était parfait.
Je suis seul alors que nous aurions pu être deux.
Silence criant, peinture violente.
Elle, si belle.
Je l’a voulais.
Je l’a désirais.
Je faisais profil bas, écoutant d’un regard appuyé son oreille distraite.
Ampoule grillée, plafond cloqué.
Je me sens humide.
J’ai peur.
Si seulement elle m’avait écouté. Je lui aurais murmuré. Je n’aurais pas crié.
Je voulais juste que mes lignes croisent ses courbes.
Merde. Je me suis pissé dessus.
Il faudrait qu’ils me changent.
Mort vivant dans un rêve. Je vais m’éveiller tu seras là.
Je suis seul.
Je me déplace.
Danseur dégingandé, je me cogne contre les murs capitonnés.
Mon corps est meurtri.
Ma tête est malade.
Regard horizontal sur une peur véritable.
Je suis seul.
Je te revois allongée sur ce lit.
Tu es belle à en crier, belle à en crever.
Maison close.
Passage verrouillé.
Silence criant, peinture violente.
Je veux juste t’aimer.
Tel un manteau réchauffer ton corps échaudé.
Tu es belle dans ce t-shirt souillé, l’empreinte de mes doigts sur ton décolleté.
Je suis seul .
Ne crie pas.
Je respire les murs pour trouver ton odeur.
Les yeux me piquent.
Je voudrais dormir mais je n’y arrive pas.
Tu es là. Tu ne bouges pas.
Mariage forcé d’une liaison fatale.
Ne bouge pas. Reste là.
Prends ma main. Viens te dis-je.
N’aie pas peur.
Viens.
Pourquoi ce regard ?
Arrête. On dirait que tu m’en veux .
De quoi ?
De t’aimer ?
De vouloir te protéger ?
Allons ferme tes yeux.
Cesse de me fixer avec ce regard vide.
Là, je te les ferme, ça va aller.
Tu es belle.
N’aie pas peur, je suis là.
Détends toi, tu es toute crispée.
Nous sommes ensemble à jamais.