Le sol de ce hall d’entrée est carrelé en blanc et noir.
Je m’amuse à marcher en diagonale pour atteindre l’escalier.
La lumière de la fenêtre est aveuglante.
Je m’assieds un instant sur la 1ere marche pour refaire mon lacet. Mon genou saigne. Je regarde mes poils collés par le sang séché et la saleté du bitume.
J’ai pleins de cicatrices sur mon corps.
J’en suis très fière.
Dans le quartier on m’appelle la sale môme. Un vrai garçon manqué comme ils disent.
Mais je les emmerde ces donneurs de leçon.
Ça y est, je l’entends gueuler. Elle s’est réveillée elle veut sa dose.
Oui, j’arrive! T’inquiètes pas, tu vas l’avoir ton gin.
C’est la seule chose qui fait que je sois importante à tes yeux. Ta dose.
Je me rappelle le jour où il est parti.
Il était assis dans l’entrée sur le banc en bois. Sa valise à ses pieds.
Il m’a regardé, ne m’a pas parlé.
Il s’est levé, m’a caressé la tête comme pour me souhaiter du courage et a refermé la porte derrière lui.
J’ai écouté son pas longtemps dans l’escalier. Son pas lourd.
Espérant qu’il revienne, qu’il me dise « viens, je ne peux pas te laisser, tu ne dois pas subir ça. Viens, je te protégerai, on sera ensemble, on sera plus fort. De toutes façons on ne peut pas l’aider, elle est déjà foutu, déjà morte. Ce qui l’a maintient en vie c’est sa fiole qui une fois ingurgitée l’endors. »
Oui! J’arrive, arrête de gueuler.
Je me lève. Je regarde un moment l’arbre de la cour. Je l’ai toujours bien aimé cet arbre.
Il m’apaise, me rassure, me donne de la stabilité, de la force.
Je monte l’escalier le plus lentement possible regardant ma main sur la rampe en bois, comptant les marches comme je le fais à chaque fois. Me disant que peut être un jour quand j’arriverai en haut ce sera finit. Je ne l’entendrai plus gueuler, je ne l’a verrai plus tituber, elle sera morte étouffée par son vomi.
Espérance.
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