Tunbjörk/Vinter
C’est l’hiver, aimer sentir ta main sous ton gant de laine. Quelle idée a eue cet homme de quitter ses vêtements vintage et les poser sur le sol gelé pour éviter à sa voiture de déraper au démarrage ? Tu me rassures, les chiens affrontent le froid, les chiens nous gardent. Les sapins, les beaux sapins, rois des forêts recouvert de neige vierge s’amusent avec les scintillements des flocons au clair de lune, feu d’artifice hivernal.
C’est l’hiver, aimer sentir ta main sous ton gant de laine, marcher et écouter les claquements de nos pas sur la neige, prendre la bise en plein nez. Toi, tu me parles de l’absence, ton amie serrant son père dans ses bras le soir de Noël avant qu’il ne meure. Cette autre amie attendant au restaurant ses copains qui ne viendront plus, mort accidentelle sur la route, danger de l’hiver, un enfant abandonné sur un fauteuil comme un jouet, aujourd’hui sans parents. Le bois dehors nous attend, ses veines épaisses, son écorce ouverte, prêt à être mis au feu de cheminée. Sentir une bonne odeur de pot au feu, faire l’amour sous la couette, je me fais des rêveries auprès de toi. C’est l’hiver, aimer sentir ta main sous ton gant de laine. Ta bouche, ton corps, tes hanches, la rondeur de ta poitrine, ta main sur mon cou puis caressant
ma tête chauve, nous nous réchauffons, c’est l’amour. Nous avons renoncé à faire la fête avec mes amis, sauterie au champagne, corps déchaînés, chaleur de plaisir sexuel comme dérivatif de l’ennui. Je n’ai pas envie d’une corde pour me pendre, un lit dans un petit abri de quelques mètres carrés, le bonheur, la chaleur dans cette cité pourrie aux voitures habillées de neige sale. Rester là, assis dans le froid dans ce jardin . C’est l’hiver, aimer sentir ta main sous ton gant de laine
Philippe
Exposition photographique au château d’eau