C’est ce qu’est devenue ma ville :
Une banlieue sans chlorophylle ;
Quand j’étais petite fille agile
j’allais dans les carrières, indocile
pour ramasser des fossiles ;
Notre pavillon, banlieue ouvrière,
une sente qui sentait le lierre
Dans les maisons, des voisins aventuriers
Il me semble que c’était hier…
Adolescente, avec les autres filles
En RER nous allions à Bastille
Paris nous écarquillait les pupilles
On méprisait le jardin et ses jonquilles.
Dire qu’on habitait cette ville
C’était avouer qu’on venait d’un exil
Campagne, cité et bidonville
On aimait le futile, ce qui rutile ;
J’ai grandi, quitté la ville dortoir
Elle a enflé comme une poire
Immobilier, coups de boutoir
et a connu son heure de gloire ;
Les champs divisés en parcelles
identiques, piscines et balancelles
au gré des rues impersonnelles
Je ne sais plus rien d’elle….
Comme une tentacule,
J’avance, elle recule,
Les habitants pullulent.
Il y a bien longtemps, j’ai quitté Montfermeil,
J’y ai gardé des souvenirs de soleil,
La maison de mes éveils,
Et des liens qui sont restés pareils.
Prés des Pyrénées, à Toulouse,
J’ai choisi mon coin de pelouse,
Mon projet, mon mode de vie,
Mon équilibre, je dis merci.
Yveline fevrier 2015