Je me souviens entrer dans l’enceinte de la fête foraine comme on entre dans l’univers d’Alice aux pays des merveilles et me trouver entêtée par les effluves sucrées et poudrées qui sinuaient dans l’air jusque dans nos narines et nous attiraient vers la cabane du marchand de barbe à papa couleur rose bonbon. On regardait les filets de sucre qui s’enroulaient comme des bribes de nuages autour du bâtonnet en se demandant quand le monsieur s’arrêterait. On sentait les cristaux se caraméliser et dégager une odeur de fraise. Quand brusquement, continuant notre chemin, au détour d’une allée, le parfum sirupeux des pommes d’amour nous envahissait tandis que notre regard s’immobilisait sur cette grosse sucette au rouge écarlate. La nuit survenait et se chargeait de la cacophonie des autos tamponneuses bonhommes et des cris des enfants installés dans les manèges aux personnages toujours souriants, des cris des intrépides embarqués sur la grande roue et de la joyeuse rumeur de la foule qui déambulait. En fond sonore on continuait d’entendre les ritournelles des machines à sous et de celles qui attrapaient les peluches. Mais déjà notre regard se posait sur les guirlandes chatoyantes, le rose fushia des machines à tirettes, les enseignes lumineuses et clignotantes, les éclairages bariolés et scintillants, les stands aux objets fluorescents. Et malgré la harangue des forains pour vous faire jouer à la loterie ou l’on gagne à tous les coups et l’invitation du gros lapin dans les bras du grand costaud, c’est finalement les chouchous dorés tout chauds qui laissaient en bouche un délicieux goût de vanille sucrée qui nous faisaient succomber.
La barbe … A papa ! Très beau petit texte très chère, plein de si bons et beaux souvenirs d’enfance : Merci.