Il avait une gueule cassée de celle qui vous font penser qu’il a vécu, qu’il en a vu.
Il avait une gueule cassée de celle qui vous font rêver, qui vous font imaginer.
Regard noir, nez tordu, bouche cousu.
Ce mec là, il en a vu.
Gueule cassée, cœur fêlé, corps mutilé.
Ce qu’il a vécu, personne ne peut vraiment l’imaginer sans être loin de la réalité.
Le message est clair pas besoin de paroles, de mots écrits.
Sa gueule, c’est une lettre de vie.
Bien-sûr, on a pas toutes les clés.
Bien-sûr, c’est plus compliqué.
Mais ce qu’il a vécu, il veut pas en parler.
Il veut l’oublier, mon frère.
Jamais tu ne l’entendras l’évoquer.
Jamais il ne pourra se confier.
Captif, enfermé.
Comme une bête, un animal blessé.
Moi, je le sais parce que j’y étais.
Moi, je le sais parce qu’aussi j’ai morflé.
La différence c’est que ça se voit pas sur ma gueule, plus jeune, cinq années nous séparaient.
La différence c’est que j’ai divagué.
Pour oublier j’ai imaginé des couleurs, des odeurs.
Quand j’avais la tête sur le carrelage glacé avec le sang qui coulait, moi je rêvais de fleurs.
Lui, il voyait l’horreur.
Quand il arrivait ce salop pour nous rosser, nous culbuter.
Lui, il voyait la nuit,la douleur.
Moi, j’espérais la lumière, la douceur.
Lui et moi on est liés.
Lui et moi on sait.
Pas besoin de se parler.
Mais on peut plus se voir, on peut plus se regarder.
On est frères mais on peut plus s’aimer.
On peut plus se voir.
On peut plus se regarder.
A cause de notre salop de père qui nous violait.
Gueule cassée.
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