Ouverture d’un piano usagé.
Une femme s’y extrait comme un chat.
Visage en pleine clarté, mélodie en noir et blanc.
Doigt bagué sur une note pincée du clavier.
Perdue dans cette végétation fantastique.
Paupières fermées, serrure ouverte sur un halo de lumière.
Un animal, regard félin, semble l’attendre.
Les bouts des doigts effleurent les touches.
Le chat, griffes rentrées, se tait.
Il tient la pose, prêt à dévorer sa proie.
Elle n’écoute que les battements de son cœur brisé.
Prisonnières, ses mains restent coincées sous le couvercle de ce vieux piano, patiné par les âges.
Comment trouver le passage, où elle pourra s’abandonner à nouveau au rythme du mouvement de ses doigts.
Jouer sans contrainte, jaillir comme dépaquetée de ces arbustes enveloppants.
Faire la peau à ce chat.
Reprendre librement les touches noires et blanches.
Écouter l’aubade, pour notre plus grand plaisir.
Rouvrir ce couvercle usé. Se faufiler, comme un chat agile et glisser ses doigts pattes de velours sur ce clavier.
Enfin, écouter flotter ses notes affectueuses.
Philippe C.