si j’étais architecte

5 février 2016

Si j’étais architecte, je me consacrerai à construire une cabane dans les arbres ;
Enfant, je passais des heures à califourchon dans le cerisier au milieu des merles ;
Je voudrai une bicoque, un abri tout petit, avec juste le nécessaire, un lieu intime destiné au voyage immobile.
Je dessinerai la cabane de mes rêves, un peu biscornue, un peu douillette avec de la lumière chlorophylle, des cerises ou des mangues à portée de main.
Conception sans vis : tenons et mortaises. Je devrai peut être abattre un arbre, j’en tirerai des planches que je polirai longtemps, avec patience.
Elle fonctionnera avec une éolienne aux pales de bois, de toutes petites cellules photo- électriques et il y aura récupération des eaux de pluie.

Je révolutionnerai le monde des fausses cabanes dans les campings de luxe ;
Je prouverai qu’on peut faire du beau avec quelques bois nobles, avec des bois simples, avec de l’osier ;
Je ferai l’éloge du petit, du minimum, qu’on veut vire bien avec peu de m² ;
Mon prototype leur montrera qu’on dort bien sur une paillasse de fougère, qu’une table en loupe d’orme est comme un tableau de maître, qu’on peut vivre sans énergie fossile, avec juste le nécessaire, loin du monde futile et de la consommation ;

Quand la cabane sera terminée, elle ne sera visible qu’aux enfants et au rêveurs ; ceux qui marchent le nez en l’air.
Cachée dans l’ombre généreuse du grand cerisier ou du manguier, elle sera l’abri, le refuge, le foyer.
Elle sera destinée à ceux qui ont le rêve secret d’habiter dans du simple, de vivre immergés dans la forêt, de flotter avec les oiseaux.
Elle sera destinée à ceux qui aiment les parfums du bois, de résine, de cire, à ceux qui apprécient les chorales d’oiseaux, et ceux qui souhaitent mordre dans le jus des fruits murs.

Ma cabane évoluera dans son arbre ; des printemps d’abeilles, des étés enivrés de fruits, des automnes flamboyants de couleurs ; les hivers la rendront plus visible mais aussi plus douillette.
L’arbre hébergeant grandira, l’enserrera amoureusement de ses branches, la touche de l’inventeur s’effacera avec le temps ;
Peut être d’autres cabanes discrètement apparaîtront ailleurs ; chacune différente, mystérieuse et unique.

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