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la photo du mois

fisk

Que la terre tremble, que le vent hurle dans les cheminées, secoue portes, fenêtres et volets, les habitants y sont habitués, que le lac d’ordinaire paisible et lisse comme un miroir gonfle sa surface en énormes vagues aussi, mais qu’il y ait des secousses régulières comme un hoquet, ça, les habitants ne comprennent pas ce qui le provoque. Impossible de voir ce qui se passe sous la surface car le lac est très sombre. Parfois il est noir et brillant comme 7 couches de laque et parfois il est d’un beau vert émeraude, mais tout aussi opaque. On ne voit rien. Jamais. On peut écarquiller les yeux pour essayer d’apercevoir le fond, troubler l’eau avec la main, le pied, un bâton ou autre, on ne voit ni plante ni quoi que ce soit. Personne ne s’y baigne car la profondeur effraie même les plus téméraires. Il n’y pas de pêcheur non plus car toutes les tentatives pour rendre ce lac poissonneux ont échoué. Lorsqu’on jette un caillou il arrive qu’il ressorte ou revienne sur la berge sans que l’on comprenne pourquoi. Parfois aussi de grosses bulles remontent à la surface. Certains disent que c’est une source qui se trouve au fond du lac mais personne n’a jamais vérifié si c’était vrai. Ce lac est un mystère. Cependant, les habitants de cette petite île nichée dans la verdure entourée d’arbres majestueux, s’y plaisent beaucoup ainsi que les touristes qui s’y précipitent dès l’été venu. Continuer la lecture

évocation

Ouvrir la porte d’entrée de la maison fermée depuis des mois, sans trembler. Ouvrir les portes, les fenêtres, les volets. Laisser entrer la lumière, le soleil, la chaleur.

Dans l’entrée, des vêtements suspendus sur le portemanteau au milieu du dos, forment une légère bosse. Un chapeau acheté en Irlande, déformé est accroché par-dessus un imperméable, sous lequel des bottes de motard crottées, attendent d’être nettoyées. Sur une console sont posés 2 casques de moto, l’un, laqué noir personnalisé par une panthère dont la queue a disparu sous des éraflures et l’autre, un petit casque en cuir avec une visière fendue et rayée, et une mentonnière sans boucle. Continuer la lecture

l’escalier sans fin

Couché en chien de fusil, l’homme tremble, grelotte, remonte le col de son manteau, les yeux clos. Puis, il ouvre les yeux, tourne la tête à droite et à gauche, plusieurs fois, se lève, regarde autour de lui, surpris d’être dans un escalier. Une pancarte au-dessus de lui indique, Escalier B. Escalier B répète-t-il à haute voix, mais où suis-je ? Il regarde s’il y a une sortie, mais il ne voit aucune ouverture. Il décide de descendre, et comme il descend toujours, il trouve un caillou sur le sol qu’il met aussitôt dans sa poche, car c’est un joli caillou gris, rond et doux. Ah ! se dit-il, j’approche de la sortie, mais il a beau descendre, descendre, encore et encore, l’escalier semble sans fin. Découragé il s’assoit se met à compter et à recompter les marches, puis les barreaux de la rampe. La rampe est assez large, l’escalier aussi.

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Faites parler la toile du peintre

Je suis sagement posée contre un mur, entre un ancien tonneau de bière métallique peint en bleu fluo, qui sert de poubelle et un chevalet bancal. Je reste plantée là, sans doute parce que je suis une belle toile de 2m50x1.50 et qu’il faut choisir un beau sujet pour me préférer à d’autres. Pourtant, je l’avoue, chaque fois qu’il s’approche de moi mon cœur bat la chamade et je me demande si aujourd’hui est le bon jour, mais je suis toujours là, de plus en plus poussiéreuse et s’il m’oublie, je vais devenir complètement grise. Tiens ! il chante ! sans doute le soleil qui inonde l’atelier le rend-il joyeux ? Bing ! bang ! Il trie les toiles, certaines tombent sur le sol sans qu’il les relève, en examine plusieurs, hésite, et je ne sais pourquoi mais je sens « qu’aujourd’hui » j’ai ma chance. En effet, il me saisit sans ménagement, me secoue, me tapote, me repose, me scrute, sourit, puis en sifflotant m’installe sur un chevalet. Il m’époussette avec une brosse aux poils très doux qui me chatouillent. J’ai un trac fou.

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la photo du mois/ l’air marin

la plage

Il y a des airs de 2 airs et des airs de rien. Ceux qui font mine de ne rien savoir ou de ne rien voir. Des airs comprimés qui se plaignent tout le temps parce qu’ils sont à l’étroit et des airs liquides qui coulent n’importe où. Ceux, généreux, qui donnent de l’air, comme ça, gratuitement, et ceux qu’il ne faut pas croire parce qu’ils sont tête en l’air et disent des paroles en l’air. Mine de rien, ceux qui ont de grands airs, sont souvent hautains, sans en avoir l’air ! Et je ne vous parle pas des courants d’air, toujours pressés, stressés, à peine aperçu déjà disparu. Mes préférés sont les airs de famille qui ont souvent un air modeste, sans en avoir l’air, sans mettre tout en l’air, tout en restant, bien sûr, dans l’air du temps ! Et puis il y a l’AIR DU LARGE, appelé aussi AIR MARIN, le plus beau, le plus séduisant, le plus Continuer la lecture